reuses" au recit du passage de
la Beresina, du tremblement de terre de Lisbonne, du massacre de la
Saint-Barthelemy, ou de l'etouffement des cent vingt-trois prisonniers
dans le trou noir de Calcutta. Mais dans ces recits, c'est le
fait--c'est-a-dire la realite--la verite historique qui nous emeut. En
tant que pures inventions, nous ne les regarderions qu'avec horreur.
Je viens de citer quelques-unes des plus frappantes et des plus fameuses
catastrophes dont l'histoire fasse mention; mais c'est autant leur
etendue que leur caractere, qui impressionne si vivement notre
imagination. Je n'ai pas besoin de rappeler au lecteur, que j'aurais pu,
dans le long et magique catalogue des miseres humaines, choisir beaucoup
d'exemples individuels plus remplis d'une veritable souffrance qu'aucune
de ces vastes catastrophes collectives. La vraie misere--le comble de la
douleur--est quelque chose de particulier, non de general. Si l'extreme
de l'horreur dans l'agonie est le fait de l'homme unite, et non de
l'homme en masse--remercions-en la misericorde de Dieu!
Etre enseveli vivant, c'est a coup sur la plus terrible des extremites
qu'ait jamais pu encourir une creature mortelle.
Que cette extremite soit arrivee souvent, tres souvent, c'est ce que ne
saurait guere nier tout homme qui reflechit. Les limites qui separent la
vie de la mort sont tout au moins indecises et vagues. Qui pourra dire
ou l'une commence et ou l'autre finit? Nous savons qu'il y a des cas
d'evanouissement, ou toute fonction apparente de vitalite semble cesser
entierement, et ou cependant cette cessation n'est, a proprement parler,
qu'une pure suspension--une pause momentanee dans l'incomprehensible
mecanisme de notre vie. Au bout d'un certain temps, quelque mysterieux
principe invisible remet en mouvement les ressorts enchantes et les
roues magiciennes. La corde d'argent n'est pas detachee pour toujours,
ni la coupe d'or irreparablement brisee. Mais en attendant, ou etait
l'ame?
Mais en dehors de l'inevitable conclusion _a priori_, que telles causes
doivent produire tels effets--et que par consequent ces cas bien connus
de suspension de la la vie doivent naturellement donner lieu de temps
en temps a des inhumations prematurees--en dehors, dis-je, de cette
consideration, nous avons le temoignage direct de l'experience medicale
et ordinaire, qui demontre qu'un grand nombre d'inhumations de ce
genre ont reellement eu lieu. Je pourrais en rapporter, si cela etait
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