du droit de punir.
Aucune defaillance subversive n'altererait donc la rigueur du tribunal,
uniquement charge d'estampiller le lynch d'une decente apparence
officielle. Le ceremonial enfin admis assurait un superlatif exces de
precipitation. Chacun des magistrats speciaux n'avait a dire qu'un mot
pour formuler son arret respectif. L'enonce du crime, la condamnation,
le refus de recours et de grace voleraient ainsi de bouche en bouche
en une seule phrase a peine prononcee que deja le medecin expert
questionnerait la tete decollee par le bourreau...
* * * * *
Apres ces explications en guise de preface au proces de Will Jyns, le
precite journal de l'Ouest rapporte de l'audience le recit suivant dont
on appreciera, croyons-nous, la frappante concision:
"L'amphitheatre est bonde. Le respectable corps judiciaire prend place
sur l'estrade en face du public.
"Le delegue des jures se tient a gauche, le commissaire d'Etat a l'autre
extremite. Flanque de l'instruction et de la cassation, le president des
assises siege dans le milieu.
"Plus loin, a droite, devant le medecin et l'executeur restes debout, on
apercoit de trois quarts le farouche Will Jyns, lie par des cables au
celebre fauteuil coupe-tete dont l'ingenieux siege-cercueil s'ouvrira
tout a l'heure pour engloutir le corps...
"Livide et deprime, salement enduit de barbe, le profil de Jyns convulse
un sourire qui peut, au choix, s'interpreter comme un indice de cynique
forfanterie ou de stupidite sans fond.
"Cet equivoque rictus produit une impression irritante sur l'auditoire.
Que resultera-t-il de ces simagrees d'astuce ou d'hebetement? Va-t-on
s'apitoyer sur ce pleutre, le questionner, ecouter ses aveux? la fameuse
reforme n'aboutira-t-elle qu'a d'odieuses mystifications! Sombres, les
lyncheurs serieux sont sur le qui-vive et, de son cote, le groupe des
trappeurs, anciens collegues supposes de M. Jyns, dissimule mal son
intolerance a l'egard de toute tentative d'interrogatoire confidentiel.
Une mefiance se dechaine proche de la fureur; des revolvers apparaissent
dans toutes les mains; peu s'en faut qu'en cet instant d'exaltation on
n'inflige, sur place, un lynch preventif a toute la sequelle judiciaire.
Le tumulte tourne a l'orage, lorsque, au coup de cloche annoncant
l'ouverture des debats, le silence s'etablit, le silence sans souffle
d'une foule devant le drame imminent.
"Et comment noter ce drame en sa promptitude d'e
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