roupes de vendeurs dont
s'accroissent le nombre et les commandes a mesure que nous entrons en
pays plus perdus.
C'est, en resume, triomphal! L'_Express-Times_ affirme le merite de son
innovation. Desormais le parcours n'est plus une sterile perte de temps
entre le depart et l'arrivee: la distance ouvre l'aire d'une incessante
fecondation intellectuelle par la charrue typo-locomotrice du
journalisme.
Mais treve d'apologie! "Seconde edition!" jette la voix d'Edwards dans
le tube acoustique.
Nos plumes dansent aussitot sur les feuillets, grace a la derniere et
ravissante trouvaille de notre glorieux Edison: un frolement de palettes
de metal le long des fils de la ligne tient l'_Express-Times_ en
communication constante avec le reseau du telephonographisme universel.
Les depeches foisonnent sans interruption sur le bureau de Rob-Edwards
qui, par le tube, nous donne a broder les choses du jour.
On enleve prestissimo cette corvee, alternant chacun d'une ligne
immediatement "pianotypee" par les claviers-composteurs. Les "dernieres
nouvelles" envahissent les colonnes sans entraver l'action des presses:
les "blocs" de prose de rebut s'enfournent dans un creuset surmontant
le brasier de la locomotive et passent liquefies par un moule qui les
divise en caracteres neufs. Merveille de note a bas prix! la Crampton
retrempe elle-meme ces empreintes ephemeres dont elle eternise la trace
d'histoire sur le papier.
Ce n'est pas qu'en soi ladite histoire merite un pareil luxe de
publicite. Vraiment, le politiquage courant s'attarde a des reiterations
dont ne s'amuse qu'une tres jeune badauderie; et le pretendu mouvement
social ressasse que, regulierement, l'indigence frissonne et l'or
s'amuse. De telles rengaines s'omettraient sans inconvenient, n'etait
que leur universalite d'edition fournit aux societes un heureux semblant
d'interets collectifs.
Aussi n'est-il plus que nous, les blases de gazettisme, pour ne gouter
guere ces notations d'actualites. Les paroxysmes de la lutte electorale
entre les postulants Tom et Jack, les peinturlureuses prouesses de
l'aveuglant coloriste X..., les oeillades et diamants de la jolie petite
danseuse Z..., etc., etc., autant de turlutaines qu'Edwards reproduit
avec une gravite toute commerciale et que nous gribouillons d'un bout de
plume distraite, un coin de l'oeil egare dehors.
Du reste, le ciel s'attriste, entierement gagne par la nuee noire
de tout a l'heure; il couve une tempete; quelq
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