quantite de munitions. Aux illuminations quotidiennes se joignirent
immediatement toutes sortes de concerts en plein vent, des promenades
aux flambeaux avec force drapeaux et force _Viva la liberta_!
Le general Garibaldi etait immediatement monte a cheval pour assister au
debarquement de ces renforts.
Mais, vers minuit, au moment ou le calme commencait a se faire, grace a
la fatigue des musiciens et a l'enrouement des criards, a l'instant,
enfin, ou les illuminations commencaient a s'eteindre et les habitants a
s'endormir, quelques coups de canon de fort calibre se firent entendre
au large et vinrent eclairer de leur lueur sinistre les sommets du mont
Pellegrini, ainsi que les matures des navires qui etaient sur rade. A la
premiere detonation, chacun dresse l'oreille; a la seconde, on saute de
son lit; a la troisieme, on est presque habille, enfin, a la quatrieme,
les fenetres et les portes commencent a s'ouvrir, les femmes a trembler
et les enfants a piailler. Dans les rues, les factionnaires regardent si
leurs amorces sont bien on place et redoublent leurs cris de:
_Sentinelles, veillez!_ Les bourgeois se groupent a chaque carrefour, et
les suppositions vont leur train. Dans les casernes, les clairons
ecorchent les airs les plus varies pour appeler aux armes les
volontaires. Enfin, au palais, tout le monde s'inquiete, et le
commandant, en l'absence du general Garibaldi, commence a envoyer dans
toutes les directions des ordonnances a la recherche des nouvelles.
Quelle voix mysterieuse annonce tout dans ces circonstances? On apprend
bientot qu'il n'est arrive que trois navires a Castellamare. Le
quatrieme et son remorqueur manquent.
La canonnade devient plus vive, elle semble parfois se rapprocher de
l'entree du port de Palerme.
On sent s'agiter dans l'ombre toute cette ville surprise dans son
premier sommeil. Parmi les suppositions, la plus probable est que la
croisiere napolitaine, apres s'etre emparee du navire manquant et
qu'elle fait semblant de combattre en ce moment, se dirigera vers ceux
qui debarquent. Tout le monde court et s'agite. Les postes en armes se
dirigent vers le quai. On entend tomber, ca et la, sur les dalles des
rues, les baguettes des fusils charges par des mains encore
inexperimentees. Enfin, de sourds pietinements, venant du cote des
casernes, indiquent que les troupes sont en marche. Malheureusement,
l'ame de toute l'armee est absente; le general Garibaldi est a
Castellamare.
Les d
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