ien n'etait plus a la paix.
L'inquietude recommencait a battre en breche le courage des habitants,
et l'apprehension d'un autre bombardement venait de nouveau les empecher
de dormir.
En effet, la cour de Naples, en esperant un instant arreter
diplomatiquement Garibaldi, avait pu s'imaginer qu'en faisant la part du
loup elle le rassasierait, et avait projete l'abandon de la Sicile pour
conserver le reste du royaume; mais revenue de son erreur, elle
commencait a s'emouvoir singulierement de ces preparatifs de
debarquement et de leur apparence menacante.
Elle savait que les forces de Garibaldi s'elevaient deja a plus de vingt
mille hommes, veritables soldats, sans compter les non-valeurs et les
inutilites. Des forts de la Torre del Cavallo, elle pouvait faire
compter les canons de l'aventurier, du brigand auquel, cependant, on
donnait le nom de general dans toutes les transactions de Palerme, de
Milazzo et de Messine. Elle s'effraya donc a juste titre. Cet effroi
gagna naturellement le general Clary, commandant de la citadelle, qui
apres avoir bien cherche, finit par trouver qu'evidemment les environs
de Messine et, par suite, le Faro devaient etre soumis aux termes et
reglements de l'armistice et qu'en consequence, l'armee meridionale
devait aller faire plus loin ses preparatifs d'envahissement; les
batteries qu'on elevait au Faro etant en fait selon lui des ouvrages
agressifs contre la libre circulation du detroit et meme contre les
positions napolitaines des cotes de Calabre. C'etait une interpretation
libre et surtout large. Aussi, sa vive reclamation fut-elle refutee
encore plus vivement. Il s'en suivit pas mal de pourparlers et pas mal
de notes echangees. Comme chacun tenait bon de son cote, il arriva ce
qui arrive presque toujours en pareille circonstance, c'est que, de
guerre lasse, on en resta la. Les Garibaldiens continuerent leurs
preparatifs, et le general Clary conserva l'avantage de pouvoir les
examiner tout a son aise avec sa longue-vue de l'observatoire de la
citadelle. Quant aux habitants, ils firent comme le general Clary; ils
en prirent leur parti.
Bien des moyens furent employes pour rechauffer la tiedeur belliqueuse
des citadins. Un des plus originaux fut, sans contredit, les harangues
en plein air renouvelees des Romains d'autrefois. Voila le Forum, voila
la tribune aux harangues, voila surtout le grand peuple. Mais helas! le
Forum est une petite place mesquine et froide, et la tribune aux
ha
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