ans cette occasion, ne dissimula pas au
Dictateur que la population attendait avec une vive impatience le vote
de l'annexion; que cette mesure seule ramenerait le calme et la securite
dans le commerce et l'industrie, en meme temps qu'elle permettrait de
reprimer vigoureusement les exces qui, dans certains districts,
ensanglantaient la revolution sicilienne. Le general se montra
tres-reconnaissant du droit de cite qu'on lui octroyait, mais, quant a
l'annexion, sa reponse, quoique longue, pouvait se resumer en quelques
lignes:
"Je suis venu combattre pour l'Italie et non pas pour la Sicile seule,
et, tant que l'Italie entiere ne sera pas reunie et libre, rien ne sera
fait pour une seule de ses parties." Ce qui n'empecha pas les
mecontents de demander l'annexion plus fort que jamais, et de voir
afficher dans quelques rues, sur les portes et fenetres, de vastes
pancartes blanches, portant:--"Votons pour l'annexion et
Vittorio-Emmanuele!"
La demande du conseil municipal exprimait-elle sincerement le voeu de la
nation? C'est ce que l'avenir prouvera.
A propos de placards, il en parut un jour un et des plus bizarres. Un
monsieur, un avocat, appelait le peuple de Palerme aux armes et a la
liberte en invoquant ... l'exemple des Vepres siciliennes. Le moment
etait en effet bien choisi pour rappeler un pareil souvenir; c'etait une
grande preuve de tact et de bon gout! "Montrons-nous, disait-il, les
dignes fils des heros qui delivrerent jadis leur patrie!" Je ne sais si
les Palermitains avaient conserve un culte tres profond pour ces heros
d'un autre age, mais la proclamation ne fit lever que les epaules chez
tous ceux qui la lurent.
On avait espere a Naples que la promesse d'une constitution et
l'adoption des couleurs italiennes par Francois II feraient sensation a
Palerme et dans la Sicile, et rameneraient quelques esprits au
gouvernement royal. Mais le fort Saint-Elme, a Naples, et les batiments
de guerre napolitains, saluerent seuls ces modifications a une politique
a jamais repoussee par l'opinion publique. Quant a Palerme et a la
Sicile, la nouvelle y passa tout a fait inapercue; ce ne fut pas
cependant la faute du general qui la fit afficher partout; elle recut
le meme accueil que la proclamation de l'habile panegyriste des Vepres
siciliennes.
Le moment approchait ou l'armee liberatrice allait sortir de
l'immobilite et reprendre l'offensive. Il etait fortement question de
l'attaque de Messine sur laquelle converg
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