allumaient les feux a sept heures
du soir. Les compagnies de la flottille etaient parees a sauter dans
leurs embarcations.
Vienne le signal et tout cela va se mettre en mouvement. Mais, a minuit,
arrive un ordre contraire et, dans la matinee du 12, toutes les troupes
commencaient a debarquer.
Vers une heure, dans la nuit, on avait entendu une fusillade tres-vive
et quelques coups de canon pres des forts de Scylla et de Pezzo.
L'escadre napolitaine etant restee silencieuse, c'etait donc a terre que
l'on s'etait battu. Etaient-ce les volontaires debarques ou les
Calabrais? Le feu cessait vers les deux heures un quart. Il recommencait
une heure apres et durait jusqu'au petit jour. Au meme moment, un petit
bateau, chasse par une corvette napolitaine, venait s'abriter sous les
feux du Faro, et la corvette, trompee dans sa poursuite, s'arretait a
portee de canon. C'etait un habitant de Reggio qui, a ses risques et
perils, venait annoncer que quelques centaines de Calabrais, reunis dans
les ravins d'Aspri-Monte, allaient se mettre en marche pour rejoindre
les volontaires debarques l'avant-veille et qui, en ce moment,
occupaient les hauteurs de Solano. Le debarquement des troupes et de
l'artillerie faisait supposer, naturellement a tout le monde, un
changement d'intentions de la part du general Garibaldi. Mais, il faut
l'avouer, ce fut a regret que les volontaires, entasses depuis
trente-six heures sur les vapeurs, se virent encore une fois jetes sur
les sables brulants du Faro sans savoir quand il leur serait enfin donne
de mettre le pied dans les Calabres.
VI
Trois jours apres, une fregate sarde arrivait au Faro, et restant sous
vapeur, communiquait avec le general Garibaldi. Ensuite elle venait au
mouillage dans le port de Messine. C'etait le _Victor-Emmanuel_. Le meme
soir, un petit aviso partant de Messine touchait aussi au Faro. Ces
allees et venues excitaient vivement la curiosite generale. Le
lendemain, on apprenait avec etonnement que le general Garibaldi s'etait
embarque dans la nuit sur le _Washington_, dont tout le monde ignorait
la destination; et on lisait une proclamation redigee a peu pres en ces
termes: "Le general en chef Dictateur, etant oblige de s'absenter
momentanement, laisse au general Sertori le commandement des forces de
terre et de mer." Suivait un ordre du jour de ce dernier donnant a
l'armee et a la population connaissance de ce decret et ajoutant qu'il
esperait qu'en l'absence du
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