la magnanerie, on vint prevenir le
Dictateur que l'escadre napolitaine se dirigeait a toute vapeur vers le
lieu du debarquement. Ordre fut donne de suite au _Franklin_, qui
essayait de renflouer le _Torino_ de l'abandonner et d'appareiller a
l'instant pour Messine en faisant fausse route. Quant a l'equipage du
_Torino_, il recut l'ordre d'evacuer le navire. Dans ce moment, une
corvette napolitaine, arrivee a portee, commencait a tirer. On voulut
mettre le feu au batiment; mais ce fut en vain. Les matelots, qui, a ce
qu'il parait, n'etaient pas payes pour se faire tuer, refuserent
obstinement d'armer une embarcation pour retourner a bord. La seconde
corvette, aussitot a portee, ouvrit egalement son feu, non-seulement sur
le _Torino_, mais encore et surtout sur les colonnes de Garibaldiens
qu'elle apercevait a terre. L'ordre fut alors donne aux troupes de
descendre dans le ravin derriere les hauteurs sur lesquelles elles
etaient campees. Comme on n'avait pas d'artillerie pour repondre au feu
de l'escadre, il n'y avait pas d'autre parti a prendre.
Pendant plus d'une heure, les corvettes continuerent leur canonnade.
C'est en ce moment que passa le _Bearn_.
Une autre corvette napolitaine, restee en arriere, se detacha
immediatement pour lui courir sus. Mais, quand elle eut reconnu, en
s'approchant, l'enormite de ce transatlantique et surtout le pavillon
francais, elle se hata de rejoindre ses conserves.
Bientot, les corvettes napolitaines arment des embarcations et les
envoient a bord du _Torino_. Des amarres sont etablies et les corvettes
essayent aussi, mais en vain, de le desensabler. Ne pouvant y reussir,
pas plus que le _Franklin_, elles finissent par le piller et y mettre le
feu.
L'armee passa cette premiere nuit dans un _fiumare_, a un mille et demi
environ du lieu du debarquement. Quelques volontaires calabrais,
accourus incontinent, assurerent au general Garibaldi qu'il n'y avait,
dans les environs, aucune troupe royale. Cependant, on s'eclaira avec
soin et on fit bonne garde.
Les deux brigades trouverent peu de ressources en approvisionnements. Le
20, a deux heures du matin, on se mettait en route, marchant en colonnes
et par sections. La division d'avant-garde se composait du
demi-bataillon de droite des chasseurs genois commandes par Menotti;
puis venait la premiere brigade commandee par Bixio, a la tete de
laquelle marchait Garibaldi, la brigade Ehber et enfin le deuxieme
bataillon de chasseurs genoi
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