s details sur
l'habitation de Garibaldi. Que l'on se figure une petite maison carree,
elevee seulement d'un rez-de-chaussee avec trois fenetres sur chaque
cote, une varanda sur la facade et un petit semaphore rond sur la
terrasse, dans lequel on peut a peine se tenir debout. A gauche, en
regardant la maison, deux baraques de bois, dont l'une sert de cuisine
et que le general habitait pendant que l'on construisait, comme il le
disait, son chateau. Derriere ces deux baraques, un four. Devant la
maison, un enclos en pierres seches fermant un jardin dans lequel
poussent a grand'peine cinq ou six figuiers etiques, quelques courges et
de maigres legumes qui ont l'air tout etonne d'avoir pu percer la couche
de cailloux au travers desquels ils se sont fraye passage. Puis des
lichens, des bruyeres odorantes et quelques fleurs sauvages aux parfums
balsamiques. L'interieur de la maison se divise en trois ou quatre
pieces habitables; deux, les seules occupees, sont a peine meublees.
L'une, la salle a manger, possede une chaise; l'autre est la chambre a
coucher, sous laquelle se trouve la citerne: elle est par ce fait fort
malsaine; cependant le general n'a jamais voulu en habiter d'autre. Dans
cette derniere se trouve un lit en fer sans rideaux, une vieille table
vermoulue, deux chaises sans dossiers et une ancienne armoire. Chacun de
ces meubles est un souvenir de sa mere et de sa femme, morte a la tache
en partageant ses fatigues dans la campagne de Rome. Il y a aussi,
appendu au mur, un medaillon contenant des cheveux de cette compagne
devouee, un portrait d'elle, un autre de Vecchi, son aide de camp et son
ami, l'historien de l'Italie opprimee qui deviendra plus tard
l'historien de l'Italie affranchie, et qui, quoique fort riche, partage
depuis longtemps les fatigues du general; ses deux fils sont officiers
dans la marine piemontaise. Quant au restant des appartements, peu
nombreux, ils servent de debarras et leurs fenetres sont veuves de
presque toutes leurs vitres. On comprend, en voyant cette habitation,
qu'elle est souvent solitaire et privee de ses proprietaires.
Mais ce qu'il y a de splendide, c'est la vue dont on jouit de quelque
point que ce soit de la propriete. Dans le Nord, la ville de la
Maddalena, et les hauteurs couvertes de fortifications qui sont en
arriere, les Bouches de Bonifacio, les cotes de Corse; dans l'Est, la
mer, l'entree des Bouches, le feu de Razzoli; dans le Sud, les hautes
montagnes de la Sardaign
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