lourdes, et dans toute la foret regnait un silence
profond que dechirait seulement ce chant d'oiseau, qui s'elevait
au-dessus de sa tete, et auquel repondaient au loin d'autres
chants, comme un appel matinal, se repetant, se prolongeant de
canton en canton.
Elle ecoutait, en se demandant si elle devait se lever deja et
reprendre son chemin, quand un frisson la secoua, et, en passant
sa main sur sa veste, elle la sentit mouillee comme apres une
averse; c'etait l'humidite des bois qui l'avait penetree, et
maintenant, dans le refroidissement du jour naissant, la glacait.
Elle ne devait pas hesiter plus longtemps; tout de suite elle se
mit sur ses jambes et se secoua fortement comme un cheval qui
s'ebroue: en marchant, elle se rechaufferait.
Cependant, apres reflexion, elle ne voulut pas encore partir, car
il ne faisait pas assez clair pour qu'elle se rendit compte de
l'etat du ciel, et, avant de quitter cette cabane, il etait
prudent de voir si la pluie n'allait pas reprendre.
Pour passer le temps, et plus encore pour se donner du mouvement,
elle remit en place les fagots qu'elle avait deranges la veille,
puis elle peigna ses cheveux, et fit sa toilette au bord d'un
fosse plein d'eau.
Quand elle eut fini, le soleil levant avait remplace l'aube, et
maintenant, a travers les branches des arbres, le ciel se montrait
d'un bleu pale, sans le plus leger nuage: certainement la matinee
serait belle, et probablement la journee aussi; il fallait partir.
Malgre les reprises qu'elle avait faites a ses bas, la mise en
marche fut cruelle, tant ses pieds etaient endoloris, mais elle ne
tarda pas a s'aguerrir, et bientot elle fila d'un bon pas regulier
sur la route dont la pluie avait amolli la durete; le soleil qui
la frappait dans le dos, de ses rayons obliques, la rechauffait,
en meme temps qu'il projetait sur le gravier une ombre allongee
marchant a cote d'elle; et cette ombre, quand elle la regardait,
la rassurait: car, si elle ne donnait pas l'image d'une jeune
fille bien habillee, au moins ne donnait-elle plus celle de la
pauvre diablesse de la veille, aux cheveux embroussailles et au
visage terreux; les chiens ne la poursuivraient peut-etre plus de
leurs aboiements, ni les gens de leurs regards defiants.
Le temps aussi etait a souhait pour lui mettre au coeur des
pensees d'esperance: jamais elle n'avait vu matinee si belle, si
riante; l'orage en lavant les chemins et la campagne avait donne a
tout, aux plantes, comm
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