tite, debout cote a cote dans une boite
assez petite; et, pourvu qu'ils soient bien plantes et ne se touchent
pas, ils ne courent aucun risque. A leur arrivee, on les ramollit, on
les ouvre, et on les etale par des procedes tres simples, dont je me
chargerai. Il faut coller un petit morceau de camphre a chaque coin de
la boite. Vous pourriez aussi apporter des chrysalides de papillons et
d'insectes dans du son. Il en meurt, et il en eclot mal a propos bon
nombre dans la traversee; mais il en arrive toujours quelques-unes
qu'on fait eclore ici par une chaleur artificielle et qui donnent des
individus superbes. Mais ce a quoi je tiens beaucoup plus qu'a mes
papillons, c'est a recevoir de vos nouvelles, et, si je puis vous etre
utile en quoi que ce soit, veuillez vous souvenir de moi.
Adieu, monsieur; mes meilleurs voeux vous accompagnent, et je demande a
Dieu qu'ils vous portent encore bonheur.
Tout a vous,
GEORGE SAND.
[1] A la suite du naufrage du navire _le Rubens_, sur les recifs de
l'ile de Bona-Vista.
[2] Possession espagnole en Malaisie.
CCCXXX
A MADAME AUGUSTINE DE BERTHOLDI, A LUNEVILLE
Nohant, 5 juin 1851.
Chere enfant,
J'ai ete passer quinze jours a Paris; j'en suis revenue depuis environ
quinze jours; j'en ai rapporte la grippe, dont je suis guerie par ces
dernieres chaleurs, mais qui m'a bien fatiguee. Je n'ai pu la soigner,
ni me coucher, ni m'arreter un instant au milieu de mes courses et de
mes ennuis de theatre. Au milieu de tout cela, le profond chagrin de la
mort de ma pauvre petite tante m'est tombe sur la tete comme un coup de
foudre. J'etais depuis cinq jours a Paris, je n'avais pas eu une minute
pour aller la voir. Je lui avais envoye une loge pour voir la premiere
representation de _Moliere_. Elle etait morte la veille. Afin de ne pas
m'accabler et me mettre hors-d'etat de veiller a mes affaires, Clotilde
n'avait rien voulu me faire savoir. Pendant la representation, cachee
dans les coulisses, je voyais les avant-scenes et la loge que j'avais
destinee a ma tante remplie de figures etrangeres. Cela m'etonnait et
m'inquietait beaucoup, quoique je n'eusse pas de motifs d'inquietude.
Les acteurs me disaient: "Qu'est-ce que vous avez donc a vous tourmenter
de cette loge? Pensez donc a votre piece! Ca va bien, on applaudit." Je
n'y faisais pas attention, j'avais une idee fixe pour ma pauvre tante.
Cependant, le lendemain matin, ce press
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