personne pouvait etre ou etait une rivale?
--Non.
--Alors ce serait une vengeance.
Emma resta un moment sans repondre; puis, tout a coup, comme si elle
prenait son elan pour se jeter au milieu d'un danger:
--Il vaut mieux, s'ecria-t-elle, que je vous nomme tout de suite cette
personne.
--Je la connais?
--Mais, c'est vous, madame!
--Moi! s'ecria madame Pretavoine.
--Vous seule saviez que je devais faire ecrire a Rosa Zampi de venir
surprendre Cerda chez madame.
Madame Pretavoine joignit les deux mains et levant ses bras vers une
madone qui etait accrochee vis-a-vis d'elle:
--O sainte Vierge! s'ecria-t-elle; o Marie concue sans peche!
Et elle resta ainsi assez longtemps, semblant demander une inspiration a
cette madone.
Sans doute la madone repondit, car bientot, se levant, madame Pretavoine
vint se placer devant mademoiselle Emma.
--Savez-vous ce que mon fils et moi nous sommes venus faire a Rome?
dit-elle.
Emma fit un signe negatif.
--Non, n'est-ce pas; eh bien, je vais vous l'expliquer; mais avant il
faut que je vous confie un secret. Vous savez, n'est-ce pas, que nous
sommes de l'intimite du vieux comte de la Roche-Odon. Dans cette
intimite mon fils n'a pu voir mademoiselle Berengere sans l'aimer, et
il a concu pour elle une veritable passion. Quand j'ai connu cet amour,
j'en ai tout d'abord ete malheureuse, car il y a entre mademoiselle
Berengere et mon fils l'obstacle de la naissance; mais, comme la fortune
de mon fils est superieure a celle que mademoiselle Berengere aura un
jour, j'ai pense que cet obstacle de la naissance pouvait etre aplani,
et alors nous sommes venus a Rome. Dans quel but, ne le devinez-vous
point?
--Non, madame.
--Dans le but de demander a madame la vicomtesse de la Roche-Odon de
consentir au mariage de sa fille avec mon fils. Et voila pourquoi j'ai
cherche a me rapprocher d'elle. Voila pourquoi, froidement accueillie,
j'ai cherche a me creer des relations qui me missent en rapport avec
elle. Enfin, voila pourquoi j'ai si vivement insiste aupres de vous
pour amener un mariage entre lord Harley et madame la vicomtesse de la
Roche-Odon, mais qui etait la belle-mere de mon fils. Ce mariage faisait
cesser un etat que, comme chretienne, je deplorais, et que comme parente
je ne pouvais tolerer. Comprenez-vous maintenant?
--Ce que vous vouliez s'est realise; cet etat a cesse.
--Il est vrai, et en meme temps qu'il prenait fin, notre projet a pris
fin auss
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