pour vous les sentiments de
gratitude, de tendresse et de respect qu'un fils doit a une mere qui a
assure son bonheur.
LI
Si occupee qu'eut ete madame Pretavoine du cote de madame de la
Roche-Odon, elle n'avait pas pour cela neglige l'aide de chambre du
Vatican, et plusieurs fois par semaine Lorenzo Picconi venait lui rendre
compte de la marche des negociations qui devaient faire de M. Aurelien
Pretavoine un comte du pape.
Malheureusement ces negociations qui tout d'abord avaient paru
devoir reussir assez facilement, rencontraient des obstacles qui les
entravaient et les arretaient.
Quand tant d'autres Francais, diplomates, militaires, avocats,
negociants avaient obtenu du Saint-Pere des titres de comte ou de baron
en n'ayant pour ainsi dire qu'a faire demander ces titres par quelque
personnage de la cour papale, on opposait aux efforts de ceux qui
s'occupaient d'Aurelien une resistance inexplicable.
Evidemment madame Pretavoine avait des ennemis ou tout au moins des
adversaires au Vatican; quels etaient-ils? Lorenzo n'avait pu les
decouvrir, mais on lui avait affirme leur existence.
Bien que madame Pretavoine n'eut plus confiance en Mgr de la Hotoie,
elle crut que dans ces circonstances il fallait encore s'adresser a lui,
et par son entremise rechercher quels etaient ces adversaires.
Elle le pressa donc de realiser ses promesses en lui rappelant ses
paroles: "Si nous reussissons pour Guillemittes, votre succes est
assure; l'un entrainera l'autre." On avait reussi pour l'abbe
Guillemittes; et maintenant qu'il etait eveque, c'etait au tour
d'Aurelien d'etre fait comte, puisque le succes de l'un devait entrainer
le succes de l'autre. Le temps s'ecoulait, des affaires imperieuses la
rappelaient a Conde, elle le priait, elle le suppliait d'user de toute
son influence pour obtenir enfin ce titre.
Bien entendu, elle n'avait pas parle de Lorenzo Picconi; c'etait de Mgr
de Nyda qu'elle attendait cette insigne faveur, de lui seul, de sa seule
influence, de sa seule gracieusete; c'etait a lui, a lui seul qu'elle
voulait devoir une reconnaissance qui ne s'eteindrait en ce monde
qu'avec sa vie.
A cette demande, Mgr de la Hotoie avait repondu avec une parfaite
affabilite que les choses n'avaient pas marche comme il l'avait espere.
Au lieu de se tenir pour battus les adversaires de l'abbe Guillemittes,
c'est-a-dire les amis et les protecteurs de l'abbe Fichon, s'etaient
tournes contre celle a laquelle ils at
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