l'affection partagee: un mariage entre vous
regle tous ces devoirs comme tous ces droits, et, de plus, il assure ton
bonheur. Tu comprends pourquoi j'ai ete si heureux quand je t'ai entendu
manifester avec franchise tes sentiments?
--Et maintenant?
--Quoi, maintenant?
--J'entends, que veux-tu faire?
--Aller trouver Rebenacq qui est l'ami et le conseil du capitaine.
--Mais M. Rebenacq ne peut pas offrir ma main a M. Sixte.
--Assurement; mais Rebenacq peut lui faire comprendre quels sont mes
sentiments a son egard, et adroitement, discretement, lui laisser
entendre que, s'il voulait devenir le mari d'une belle jeune fille qu'il
connait et qu'il a pu apprecier, il n'aurait qu'a plaire a cette belle
fille et se faire aimer d'elle pour que la famille l'accueillit, malgre
son manque de fortune, a bras ouverts. Il n'y a point la d'offre, dont
je ne veux pas plus que toi, mais une ouverture comme en doivent faire
ceux qui sont riches a ceux qui ne le sont pas. Y a-t-il la-dedans
quelque chose qui ne te convienne pas?
Au lieu de repondre, elle interrogea:
--Et M. d'Arjuzanx?
--Je lui ecrirai que nos projets ne peuvent pas avoir les suites que
nous esperions.
--Que vous esperiez, lui et toi?
--Dame!
--N'es-tu pour rien dans cette rupture?
--J'arrangerai les choses de facon a porter ma part de responsabilite.
--Fais-la legere pour toi, plus grosse pour moi, ce ne sera que justice.
Mais ce que je voudrais encore, ce serait qu'au lieu d'aller trouver M.
Rebenacq et d'ecrire ensuite a M. d'Arjuzanx, tu commences par cette
lettre. Je connais assez M. Sixte pour etre certaine qu'il ne
consentirait pas a entrer en rivalite avec un ami. S'il est sensible a
l'ouverture de M. Rebenacq, ce ne sera certainement que quand il aura la
preuve que cet ami a ete refuse.
--Tu as raison; j'ecris tout de suite au baron et demain seulement
j'irai voir Rebenacq.
--Et maman! tu es d'accord avec elle?
--Je compte sur toi.
--Tu sais qu'elle trouve toutes les qualites a M. d'Arjuzanx: la
naissance, la distinction, la beaute, et bien d'autres choses encore,
sans parler de sa fortune qui ne peut pas etre comparee a celle de M.
Sixte.
--Ta mere ne veut que ton bonheur; quand elle sera convaincue que tu
n'aimeras jamais M. d'Arjuzanx, elle cedera.
--Enfin, je ferai ce que tu veux, mais si nous partageons les
responsabilites, partageons aussi les difficultes: que j'amene maman a
accepter ta rupture d'un mariage q
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