d'avoir un long nez qui justifie, si l'on veut, sa
pretention de descendre d'une batarde de Louis XV.
--Je comprends qu'elle lui prefere le capitaine.
--Et tu dois comprendre aussi qu'a elle et a mademoiselle Harraca Sixte
prefere ta fille; au reste tu seras fixe bientot la-dessus, j'irai
demain a Bayonne.
XIII
Quand, apres plus d'un quart d'heure d'explications entortillees, Sixte
comprit ou tendaient les discours du notaire, il commenca par se
retrancher derriere la reponse qu'avait prevue Anie:
--Mais je ne peux pas entrer en rivalite avec d'Arjuzanx qui est mon
ami.
--Avez-vous d'autres objections a opposer a ce que je viens de vous
dire?
--Aucune.
--Mademoiselle Anie vous plait-elle?
--Je la trouve charmante, a tous les points de vue.
--Alors ne vous embarrassez pas de scrupules qui n'ont pas de raison
d'etre: vous n'entrez pas en rivalite avec M. d'Arjuzanx que
mademoiselle Anie refuse.
--Ah! elle refuse! Elle refuse d'epouser d'Arjuzanx? Comment? Pourquoi?
Cela fut dit avec une vivacite qui frappa le notaire; evidemment ce
sujet ne laissait pas Sixte indifferent.
--Je n'ai pas recu les confidences de la jeune fille, qui ignore ma
demarche aupres de vous, cela va sans dire. Je ne peux donc pas vous
repondre categoriquement. Mais de celles du pere, il resulte que M.
d'Arjuzanx ne plait pas, soit pour une raison, soit pour une autre; et,
cela etant, la famille trouve convenable de ne pas prolonger des
relations que le monde pourrait mal interpreter. D'ailleurs ces
relations ne sont etablies que sous condition suspensive, comme nous
disons, nous autres gens de loi. Quand le baron a fait part a mon ami
Barincq de son desir d'epouser mademoiselle Anie, celle-ci a repondu
qu'a ce moment M. d'Arjuzanx lui etait indifferent, et que, si on
voulait d'elle un engagement immediat, elle ne pouvait pas le prendre,
puisqu'elle ne connaissait pas celui qu'on lui proposait; mais que,
pour ne pas contrarier ses parents touches par les avantages de cette
alliance, elle etait disposee a se rencontrer avec M. d'Arjuzanx comme
celui-ci le desirait; si, en apprenant a le connaitre, ses sentiments
changeaient, elle accepterait ce mariage, sinon elle le refuserait. Il
parait que ses sentiments n'ont pas change. Cette situation n'est-elle
pas parfaitement nette!
--Il est vrai.
--Maintenant, pourquoi M. d'Arjuzanx ne s'est-il pas fait aimer? Je n'en
sais rien. Vous qui etes son camarade, vous pou
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