res dans la meme situation envers vous, si le
testament de Gaston n'avait pas ete detruit.
--De sorte qu'on peut dire que cette fortune nous a appartenu a l'un et
a l'autre; une alliance entre nous remettrait tout en etat.
--Veux-tu me permettre de te dire que je me suis demande plus d'une fois
comment cette idee ne t'etait pas venue? il est vrai que tu ne
connaissais pas Sixte comme moi et ne savais pas ce qu'il vaut.
--Je viens de l'apprendre en lisant ses lettres a Gaston trouvees a
l'inventaire, et elles m'ont inspire pour lui une veritable estime.
--N'est-ce pas que c'est un brave garcon?
--J'ai lu aussi les lettres de sa mere et je me suis demande comment il
pouvait etre le fils de cette coquine.
--S'il est le fils de Gaston, comme on peut le croire, cette paternite
explique tout.
--C'est ce que je me suis dit, et tout cela: caractere de l'homme,
filiation, fortune, fait que j'ai pense a un mariage, et que cette idee
ayant pris corps, j'ai voulu te la soumettre pour te demander conseil
d'abord, puis, plus tard, ton concours s'il y a lieu. Car, si je suis
dispose a l'accepter pour gendre, je ne sais pas si lui est dispose a se
marier; et, le fut-il, je ne peux pas lui offrir ma fille.
--Mon amitie pour toi et pour Sixte t'assure a l'avance que je vous suis
entierement devoue a l'un comme a l'autre, et franchement je ne crois
pas, eu egard a vos situations respectives, que tu pouvais t'adresser a
un meilleur intermediaire. A ta question: Sixte est-il dispose a se
marier? je puis repondre tout de suite par l'affirmative, il se mariera
quand il trouvera la femme qu'il desire; et si, jusqu'a ce moment, il
est reste garcon, c'est que cette femme ne s'est pas rencontree. Les
occasions ne lui ont cependant pas manque, ce qui ne doit pas te
surprendre, beau garcon, officier brillant, heritier presume de Gaston,
il avait tout pour faire un gendre et un mari desirables. Il est vrai
que maintenant l'heritage s'est envole, mais pour cela il n'est pas
devenu une non-valeur. Ainsi, a l'heure presente, on lui propose deux
partis.
--Ah!
--Il n'est dispose a accepter ni l'un ni l'autre, et maintenant,
certainement, il ne balancera pas entre mademoiselle Anie et celles
qu'on lui propose.
--Certainement?
--Cela ne fait pas de doute, et tu vas en juger. L'une de ces jeunes
filles est l'ainee des demoiselles Harraca; et, quelle que soit la
deference de Sixte pour son general, quel que soit son devouement, son
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