mps, fut digne de recevoir Anie lorsqu'elle viendrait l'habiter.
Comme ces travaux considerables s'appliquaient a tout: aux pelouses
qu'il fallait retourner et vallonner; aux toits qu'il fallait refaire; a
la facade qu'il fallait ravaler; aux volets et aux fenetres qu'il
fallait repeindre, et a tout l'interieur qui etait entierement a
reprendre du haut en bas, on les poussait aussi activement que possible
sans temps perdu, sans respect du dimanche ou des lendemains de paie.
Cependant, ce jour-la, tous les chantiers etaient deserts aussi bien
dans les jardins qu'aux environs de la maison; pas un ouvrier; partout
l'image du travail brusquement interrompu: les brouettes sur les
pelouses; les echelles sur les toits; contre les facades les
echafaudages; au pied des constructions les pierres, le sable, le
mortier gache tout pret a etre employe et reste la.
Le meme abandon se retrouvait a l'interieur et le haut vestibule aux
voutes sonores etait plein des copeaux et des papillotes des menuisiers,
meles aux baquets, aux bidons et aux echelles des peintres.
Il fallut un certain temps avant qu'une servante repondit au coup de
sonnette de Sixte: elle dit comme le jardinier que M. le baron n'etait
pas au chateau.
--Et M. Toulourenc?
--Ah! voila. M. Toulourenc est en train de fricasser une fressure
d'agneau; et quand il fait la cuisine, il ne peut pas se deranger.
--Eh bien, dit le capitaine, je vais l'aller trouver dans sa cuisine.
--Si monsieur veut.
Devant un fourneau au charbon de bois qui jetait de petillantes
etincelles dans la vaste cuisine, Toulourenc, ses larges reins d'hercule
ceints d'un tablier de toile blanche, presidait gravement a la cuisson
de sa fressure, une cuiller de bois a la main; quand, en se retournant,
il reconnut le capitaine, il porta machinalement cette cuiller a son
front en faisant le salut militaire.
--Oh! mon capitaine, excusez-moi.
--De quoi donc?
--De vous recevoir ici; mais voila la chose: j'aime la fressure et on ne
sait pas l'accommoder ici, on la fait revenir au beurre quand c'est de
l'huile qu'il faut; alors, comme je suis seul, je m'en preparais une a
la mode de mon pays.
--Vous etes donc seul au chateau?
--Oui, mon capitaine; M. le baron est en voyage.
--Depuis quand?
--Depuis vendredi.
--Pour longtemps?
--Je n'en sais rien; et, comme mon capitaine est l'ami de. M. le baron,
je peux bien lui dire que j'en suis tourmente.
--Comment cela?
Avant de repo
|