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auparavant continue de prier Dieu de tout son coeur soir et matin a ce
qu'il lui pleust envoyer son bon ange, pour le guider en toutes ses
actions. Apres et devant la priere il employoit quelque temps a contempler
les oeuvres de Dieu, se tenant quelques fois deux ou trois heures tout seul
assis a mediter et contempler, et cercher en son esprit, et a lire la Bible
pour trouver laquelle de toutes les religions debatues de tout costez
estoit la vraye. Et disoit souvent ces vers du pseaume 143:
[Note 1: _Demonomanie_, liv. 1, ch. II.]
Enseigne-moi comme il faut faire,
Pour bien ta volonte parfaire:
Car tu es mon vrai Dieu entier.
Fay que ton esprit debonnaire
Me guide et meine au droit sentier.
Il blasmoit ceux qui prient Dieu qu'il les entretiene en leur opinion, et
continuant ceste priere et lisant les sainctes Escritures il trouve en
Philon, Hebrieu, au livre des Sacrifices que le plus grand et le plus
agreable sacrifice que l'homme de bien et entier peut faire a Dieu, c'est
de soi-mesme estant purifie par lui. Il suivit ce conseil offrant a Dieu
son ame. Depuis il commenca comme il m'a dit d'avoir des songes et visions
pleines d'instructions: tantost pour corriger un vice, tantost un autre,
tantost pour se garder d'un danger, tantost pour estre resolu d'une
difficulte, puis d'une autre, non seulement des choses divines, mais
encores des choses humaines. Entre autres il lui sembla avoir ouy la voix
de Dieu en dormant, qui lui dit: Je sauverai ton ame: c'est moi qui te suis
apparu ci-devant. Depuis, tous les matins, sur les trois ou quatre heures,
l'esprit frappoit a sa porte: lui se leva quelquefois ouvrant la porte et
ne voyoit personne. Tous les matins l'esprit continuoit: et s'il ne se
levoit, il frappoit de rechef et le resveilloit jusques a ce qu'il se fust
leve. Alors il commenca d'avoir crainte pensant que ce fust quelque malin
esprit, comme il disoit: pour ceste cause il continuoit de prier Dieu, sans
faillir un seul jour, que Dieu lui envoyast son bon ange, et chantoit
souvent les Psalmes qu'il scavoit quasi tous par coeur. Et lors l'esprit se
fit connoistre en veillant, frappant doucement. Le premier jour il
apperceut sensiblement plusieurs coups sur un bocal de verre, ce qui
l'estonnoit bien fort: et deux jours apres ayant un sien ami secretaire du
Roy disnant avec lui oyant que l'esprit frappoit sur une escabelle joignant
de lui, commenca a rougir et craindre; mais il lui dit: N'a
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