ait
enfin sonnee.
Enfin, il retrouvait tout ce qu'il avait cheri et qui avait ete la joie
de son coeur, la moelle de ses os, l'essence meme de son etre; en un
mot, celle qu'il avait aimee.
Helas! comme une seve trop puissante fait craquer le bourgeon, le
bonheur avait fait craquer le cerveau de celle qui avait ete sienne.
Comment la retrouvait-il?
Folle?...
Jeanne de Piennes, dans les derniers jours de son martyre, alors qu'elle
se sentait mortellement atteinte, ne vivait plus qu'avec une pensee:
"Il ne faut pas que je meure avant d'avoir assure le bonheur de ma
fille... Et quel bonheur peut-il y avoir pour la pauvre petite tant
qu'elle ne sera pas sous l'egide de son pere!... Oui! retrouver
Francois, meme s'il me croit encore coupable... mettre son enfant dans
ses bras... et mourir alors!..."
Lorsqu'elle interrogea le chevalier de Pardaillan, lorsque celui-ci lui
dit que c'etait a un autre que lui de dire comment sa lettre avait ete
accueillie par le marechal, Jeanne eut des lors la conviction intime
que Francois avait lu la lettre, et qu'il savait la verite. Et elle
attendit.
Lorsque le vieux Pardaillan lui annonca que le marechal etait la, elle
ne parut pas surprise.
Aucune commotion ne l'agita. Seulement, elle murmura:
"Voici l'heure ou je vais mourir!..."
La pensee de la mort ne la quittait plus. Elle ne la desirait ni ne la
craignait.
Au vrai, elle se sentait mourir.
Qu'y avait-il de brise en elle? Pourquoi le retour du bien-aime
n'avait-il provoque dans son ame qu'une sorte de flamme devorante et
aussitot eteinte? Elle ne savait.
Mais, surement, quelque chose se brisait en elle. Et elle put se dire:
Voici la mort! Voici l'heure du repos!...
Elle etreignit convulsivement Loise dans ses bras et murmura a son
oreille quelques mots qui produisirent sur la jeune fille quelque
foudroyant effet, car elle essaya en vain de repondre, elle fit
un effort inutile pour suivre sa mere et elle demeura comme rivee
defaillante, soutenue par le vieux Pardaillan.
Telle etait l'immense lassitude de Jeanne, telle etait la morbide fixite
de sa pensee, qu'elle ne s'apercut pas de l'evanouissement de Loise.
Elle se mit en marche en songeant:
"O mon Francois, o ma Loise. Je vais donc vous voir reunis! Je vais donc
pouvoir mourir dans vos bras!..."
Elle ouvrit la porte que lui avait indiquee Pardaillan et elle vit
Francois de Montmorency.
Elle voulut, elle crut meme s'elancer vers lui.
El
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