ement. Et il ajouta: je vais
chercher la note.
--Ma chere Huguette, dit alors le vieux Pardaillan, je crois qu'il sera
difficile au chevalier de venir acquitter ce qu'il vous doit, bien qu'il
m'ait annonce son intention de passer a, la Deviniere.
--Monsieur le chevalier ne me doit rien, fit vivement Huguette.
--Si fait, par la mort du diable! A telles enseignes que je vais vous
citer ses propres paroles: "Quant a la jolie Huguette, a-t-il dit,
ce n'est pas de l'argent que je lui dois, mais deux bons baisers, en
reconnaissance des attentions qu'elle a eues pour moi. Et je voudrais
lui dire aussi que, quoi qu'il arrive, je ne l'oublierai jamais, et que
je lui garderai toujours une bonne place parmi les plus doux et les
meilleurs de mes souvenirs."
--Le chevalier a dit cela? s'ecria l'hotesse, en rougissant.
--Sur ma foi! Et je crois qu'il n'a dit que la moitie de ce qu'il
pensait. Aussi, je vais m'acquitter de la commission.
La-dessus, le vieux routier se leva et embrassa Huguette deux fois sur
chaque joue, ce qui faisait bonne mesure. Puis, se rasseyant, il leva
son verre, et dit gravement: "A votre sante, jolie Huguette!"
--Monsieur, fit alors l'hotesse toute reveuse, je n'oublierai jamais la
bonne pensee qu'a eue pour moi monsieur le chevalier. Dites-le-lui, je
vous prie. Et, je veux a mon tour lui temoigner ma gratitude par un
avis...
--Parlez, ma chere...
--Eh bien! dites-lui bien qu'_elle l'aime_! fit Huguette avec un soupir.
--Qui cela? s'ecria Pardaillan, etonne.
--Celle qu'il aime, la jolie demoiselle... Loise... Elle l'aime,
continua Huguette, j'en suis sure. J'ai vu ce pauvre jeune homme si
malheureux...
--Ah! ma chere Huguette, vous etes un ange!...
--Si malheureux que je n'ai pu m'empecher de le lui dire a lui-meme.
Repetez-le-lui, et, lorsqu'il sera le mari de Loise, qu'il se souvienne
que c'est moi qui lui ai annonce son bonheur.
--Corbleu! Dites que vous lui portez bonheur, ma bonne Huguette. Ah!
c'est ainsi?... Ah! bien, voila qui change diablement les choses!...
Vive Dieu!... Que je vous embrasse encore!...
Sur ce, nouvelle embrassade. Apres quoi, le vieux Pardaillan continua
son repas, avec une infinie satisfaction.
Tout a une fin, meme les bons dejeuners.
Celui de Pardaillan suit donc la loi commune, et le dernier flacon
vide jusqu'a la derniere goutte, le vieux routier, l'oeil conquerant,
reboucla son epee et, mettant la main a sa ceinture de cuir qui
contenait l
|