, dont je
rendrai compte demain."
--Votre Majeste desire-t-elle que j'allume un flambeau? demanda
Ruggieri.
Au lieu de lui repondre, Catherine saisit vivement la main de
l'astrologue et la pressa, comme pour lui recommander le silence.
En effet, elle venait de percevoir un bruit de pas qui, dans la rue,
s'approchait de la tour. Et, Catherine de Medicis, qui eut ete un
policier de premier ordre, se disait d'instinct que ces pas etaient sans
doute ceux de la personne qui devait faire a Alice de Lux une importante
visite.
La reine s'avanca vers la meurtriere. Et, comme les tenebres etaient
profondes, comme elle ne voyait rien, elle se placa de facon a entendre.
Les pas se rapprochaient.
--Des passants! fit Ruggieri, en haussant les epaules. Croyez-moi.
Majeste.
Et il elevait la voix comme s'il eut voulu etre entendu, eut-on dit, des
gens qui venaient.
--Silence! murmura Catherine d'un ton de menace qui fit palir
l'astrologue.
Les personnes qui marchaient dans la rue, quelles qu'elles fussent, ne
pouvaient, en aucune facon, se douter qu'elles etaient ainsi epiees.
Elles s'arreterent pres de la tour, non loin de la meurtriere, et la
reine entendit une voix... une voix d'homme qu'on eut dit voilee d'une
indefinissable tristesse et qui la fit brusquement tressaillir.
La voix disait:
"J'attendrai ici Votre Majeste. De ce poste, je surveillerai a la fois
la rue Traversine et la rue de la Hache. Nul ne saurait arriver a la
porte verte sans que je lui barre le chemin. Votre Majeste sera donc en
parfaite surete...
--Je n'ai aucune crainte, comte, repondit une autre voix--voix de femme,
cette fois.
--Deodat! avait sourdement murmure Ruggieri.
--Jeanne d'Albret! avait ajoute Catherine de Medicis.
--Voici la porte, madame, reprit la voix du comte de Marillac. Voyez, a
travers le jardin, apparait une lumiere. Sans aucun doute, elle a recu
votre messager. Elle vous attend...
--Tu trembles, mon pauvre enfant?
--Jamais je n'eprouverai pareille emotion dans ma vie, qui en contient
pourtant quelques-unes, qui furent ou bien douces, ou bien cruelles.
Songez, Majeste, que ma vie se joue en ce moment!... Quoi qu'il
advienne, je vous benis, madame, pour l'interet que vous daignez me
temoigner...
--Deodat, tu sais que je t'aime a l'egal d'un fils.
--Oui, ma reine, je le sais. Helas! c'est une autre qui devrait etre ou
vous etes... Tenez, madame, quand je songe que ma mere m'a certainement
reconnu da
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