vous lui avez dit?
--Je lui ai demande a qui il comptait donner Loise en mariage. Tiens-toi
bien, chevalier. Le fer chaud dans une plaie vaut mieux que l'onguent.
Tu n'auras jamais la petite. Elle est destinee a un certain comte de
Margency.
--Ah! Et connaissez-vous cet homme?
--Je connais Margency, dit le vieux Pardaillan. C'est un beau comte.
Enclave dans les domaines de Montmorency, il avait ete pour ainsi dire
depece, et il n'en restait plus qu'un pauvre reste qui a appartenu a la
famille de Piennes jusqu'au moment ou le connetable s'en est empare.
Sans aucun doute, le comte a ete reconstitue; quelque hobereau l'aura
achete pour avoir le titre de comte.
--Peu importe, monsieur, dit paisiblement le chevalier.
--J'admire ton calme, eclata le routier. Comment! c'est ainsi qu'on te
traite, toi!... Et tu ne bondis pas?...
--Mais, mon pere, comment voulez-vous que je sois traite? Le marechal
pour quelques pauvres services que je lui ai rendus, m'offre une
somptueuse hospitalite.
--Chevalier, nous allons partir d'ici.
--Non, mon pere.
--Tu dis: non? Qui t'y retient maintenant?
--Le marechal compte sur nous pour l'escorter jusqu'a Montmorency. Nous
l'escorterons, mon pere. Et, une fois qu'il sera en parfaite surete
dans son castel, alors nous irons nous faire tuer dans quelque jolie
entreprise.
--De par tous les diables! pourquoi M. le marechal n'appelle-t-il pas M.
le comte de Margency pour l'escorter?
--Sans doute, nous trouverons le comte en route, dit le chevalier
toujours souriant. Mais, lors meme qu'il serait ici, je ne lui cederais
pas le droit que j'ai conquis de mettre Loise en surete. C'est a moi
qu'elle fit appel, a moi seul. Je n'oublierai jamais cette minute.
J'etais a mon observatoire de la Deviniere... Tiens, a propos, il me
faudra y passer pour regler une vieille dette. Avez-vous de l'argent,
mon pere?
--Trois mille livres. C'est le dernier present que m'a fait M. de
Damville, un peu malgre lui, d'ailleurs. Tu disais donc que tu voulais
payer maitre Landry?
--Et dame Huguette.
--Tu dois a tous les deux?
--Oui, Seulement, c'est de l'argent que je dois a Landry. Et c'est de la
reconnaissance que je dois a Huguette. Je paierai l'un avec des ecus, et
l'autre... ma foi, ce sera plus difficile. Un ecu n'est qu'un ecu. Une
parole sortie du coeur vaut un tresor. Je chercherai... je trouverai.
--Mais mon pere, il faut nous occuper de quitter Paris des ce soir.
L'escorte du mar
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