ier: il n'y avait plus un seul ecu.
"Comment dites-vous, mon oncle? fit Gillot.
--Je dis qu'il ne manque plus que trois mille livres."
Gillot se fouilla et tira de sa poche l'ecu, les deux sols et les six
deniers qui constituaient sa fortune personnelle. Heroiquement, il les
tendit au vieillard qui s'en saisit, les fit disparaitre, et dit:
--Apres!...
--Apres, mon oncle?
--Oui, les trois mille livres!
--Mais je n'ai plus rien, mon oncle!
--Allons, depeche-toi, sans quoi je te fouille.
--Fouillez-moi, mon bon oncle... je n'ai plus rien!
Gilles etouffa un grognement de desespoir, palpa de ses mains
tremblantes les vetements de Gillot, et une sueur froide pointa sur son
crane. Gillot ne mentait pas!...
--Deshabille-toi!
Gillot obeit, plus mort que vif. Le vieux Gilles examina chaque
vetement, sonda les coutures, retourna les poches, dechira les
doublures... Il dut se rendre enfin a l'horrible verite:
Trois mille livres manquaient au tresor!...
Une sauvage imprecation et un hurlement d'epouvante retentirent dans le
cabinet; l'imprecation venait de Gilles, qui en meme temps rugissait:
--Rends-les-moi, miserable!
Le hurlement venait de Gillot que son oncle venait de saisir a la gorge.
--Mes economies de cinq ans! hurla Gilles. Mais qui, qui donc me les a
pris, mes pauvres ecus? Mes pauvres ecus, ou etes-vous?...
Seul, le vieux Pardaillan eut pu repondre a cette question.
Mais Gillot crut que le moment etait venu de rentrer en grace et
insinua:
--Mon oncle, je vous aiderai a les retrouver!
--Toi! hurla le vieillard qui avait oublie son neveu, toi, miserable!
Toi qui venais pour me voler! Toi! attends! Tu vas voir ce qu'il en
coute de se faire larronneur et traitre! Habille-toi! vite!
En meme temps, il secouait son neveu avec une force qu'on n'eut pu lui
soupconner. Enfin, il le lacha, et Gillot se revetit rapidement.
Gilles, cependant, s'apaisa par degres.
Lorsque Gillot fut pret, il le harponna au cou de ses doigts longs,
osseux, durs comme du fer, et ayant soigneusement referme le cabinet, il
l'entraina.
--Misericorde! gemit Gillot.
Arrive au rez-de-chaussee, Gilles lacha son neveu, et tirant une dague
aceree, lui dit:
--Au premier mouvement que tu fais pour fuir, je t'egorge!
Cette menace rassura un peu Gillot. On ne voulait donc pas le tuer,
puisqu'il n'etait menace de mort que s'il tentait de fuir!
--Marche devant! reprit l'oncle, sa dague a la main.
Gui
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