s et des
huguenots. Dieu sait si j'en ai gemi moi-meme, car je voyais l'abime ou
vous couriez. Ne voyez-vous pas les visages menacants qui vous entourent
depuis que Jeanne d'Albret, Henri de Bearn, Conde et Coligny sont ici!
Aveugle!
Au loin, l'incendie montait et s'etendait, vaste nappe de flammes rouges
qui ondulait dans la nuit.
--Voila la reponse des Parisiens aux fiancailles de ce soir! reprit
Catherine.
Les yeux exorbites, les machoires serrees, Charles IX regardait. Par
moment, un frisson le secouait.
--Charles, continua la reine, ecoutez-moi. Vous savez avec quelle joie
j'ai pousse a la paix; vous savez que moi-meme je me suis humiliee
devant l'orgueilleuse Jeanne d'Albret. Vous savez que j'ai ete jusqu'a
imaginer le mariage de ma propre fille avec Henri de Bearn. C'est que,
moi aussi, j'etais aveugle! Je croyais alors que la paix etait possible
entre les huguenots et les catholiques. La paix avec les huguenots?
Delire! Reve insense! Il faut que l'heresie ou l'Eglise triomphe ou
meure!
--Madame!... Vous m'epouvantez!... Il est impossible que les choses en
soient la parce que j'ai eu horreur de tout le sang qui se versait!
--Impossible? N'avez-vous pas lu les lettres que les ambassadeurs de
tous les Etats apportent? Que nous dit le roi d'Espagne?... Qu'il
prepare une armee pour retablir le regne de Dieu compromis par notre
faiblesse.
--Je ferai la guerre a l'Espagnol!
--Insense! Que nous dit Venise? Que nous disent Parme et Mantoue? Que
nous disent les Etats de l'Empire? Tous, tous, tous nous blament, tous
nous menacent!
--Je tiendrai tete a l'Europe s'il le faut!...
--Tiendrez-vous tete au Souverain Pontife? gronda Catherine. Vous
releverez-vous de l'excommunication dont il vous menace?
--Par l'enfer, madame! Le pape est le pape, et, moi, je suis le roi de
France!...
Et, cramponne a la balustrade, Charles se raidit davantage.
--Silence! dit-il. Je veux qu'on se taise autour de moi! J'ai decide la
paix, et la paix se fera dans mon royaume! S'il faut faire la guerre a
l'Espagne, a l'Empire, au pape lui-meme, je ferai la guerre!
--Avec quoi? dit Catherine d'une voix glaciale.
--Avec mes armees, avec ma noblesse, avec mon peuple!...
--Votre peuple!... Venez, sire! Et vous allez entendre ce qu'il veut!
En meme temps la reine saisit la main de son fils avec un geste
d'irresistible autorite et, l''entrainant, elle lui fit traverser
plusieurs pieces.
Catherine s'arreta dans une
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