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es l'un en face de l'autre, avant tout. Est-ce vrai ? -- C'est vrai. -- Eh bien ! tenons-nous parole, ami. Nous nous sommes evades des conventions miserables fait pour d'autres que pour nous: j'en suis fiere, pour ma part. Nous sommes des revoltes et des aventuriers, soit ! Mais l'un pour l'autre, gardons notre parole, n'est-ce pas ? -- ou brisons-la et quittons-nous. Julien lui saisit les mains: -- Oh ! Maud... Nous quitter ! Ne dites pas ce mot... Vous pourriez me quitter, vous ? -- Je vous jure, declara Maud en se levant, que si, malgre nos conventions et vos promesses, malgre ma volonte et mon droit, vous cherchiez a empecher mon mariage, je vous jure que de ma vie je ne vous reverrais. Et aussitot, prenant dans ses mains la tete de Julien, elle l'approcha de sa bouche: -- Mais je t'aime, fit-elle... Et je te garderai. Julien, brise et grise, murmura: -- Et si vous aimez votre mari. Qui sait ? -- Tu es fou, repliqua-t-elle. Je te jure de n'aimer que toi, de t'appartenir pour la vie. Je ne veux que toi... Allons, sois digne de m'aimer ! Pas de defaillance... Mon mariage t'affranchit, car tu ne tenteras rien, je le sais, tant que je ne serai point mariee. Veux-tu, toute ta vie, courir aux expedients ? Veux-tu que je donne des lecons de piano ? C'est parce que je t'aime que je te desire riche et libre: tu dois me vouloir reine, si tu m'aimes. Taillons-nous de vive force notre part de fortune sur des etres inferieurs a nous, de race moindre que nous, dont nous devons nous servir sans scrupule, comme on met sans scrupule un mors et une selle a un cheval... Et restons l'un a l'autre par-dessus e monde que nous meprisons et que nous pietinons. C'etait ton reve quand je t'ai rencontre. Qu'est-ce qui a flechi en toi, depuis ? Julien lui baisa les mains: -- Tu as raison. Le mirage suscite par les paroles de Maud surgissait de l'avenir, citadelle de reve qu'il fallait conquerir, a tout prix. En cette minute, vraiment il sentit bouillonner en soi une volonte aussi ardente que celle de Maud: il se delia des morales conventionnelles avec la meme mepris du droit des autres. Maud le vit dompte. -- Il est tard, fit-elle. Il faut que je parte. -- Oh ! supplia Julien, reste... rien qu'un instant... La... Il montrait, du regard, la chambre voisine, pleine d'ombre. Dans les yeux de la jeune fille il lut le consentement. Il l'emporta comme une proie. Les levres jointes, ils defaillirent ensemble contre cette couche fermee
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