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our vous beaucoup de sympathie, je dirai meme de l'amitie, et vous pouvez pousser ce mot a l'extreme, vous ne serez que dans la verite: laissez faire cette amitie, laissez faire aussi le temps.... --Eh bien, que dites-vous donc? demanda le general en s'eveillant. --Je dis a M. de Saint-Neree que tu as pour lui une vive sympathie. --Tres-vrai, mon cher capitaine, et je vous prie de croire que ce qui s'est passe l'autre jour ne diminue en rien mon estime pour vous. J'aimerais mieux que nous fussions de la meme religion; mais un vieux bleu comme moi sait ce que c'est que la liberte de conscience. On apporta les echecs et je me placai en face du general, pendant que Clotilde s'installait a la porte qui ouvre sur le jardin. En levant les yeux je la trouvais devant moi la tete inclinee sur sa tapisserie; c'etait un admirable profil qui se dessinait avec nettete sur la fond de verdure; de temps en temps elle se tournait vers nous pour voir ou nous en etions de notre partie, et alors nos regards se rencontraient, se confondaient. Notre partie fut longuement debattue, et cette fois encore je la perdis avec honneur. --Puisque vous n'etes pas venu diner, vous allez rester a souper, dit le general; vous vous en retournerez a la fraiche. --Etes-vous a cheval ou en voiture? demanda Clotilde. --En voiture, mademoiselle. --Eh bien, alors je propose a pere de vous accompagner ce soir; la nuit sera superbe; nous vous conduirons jusqu'a la Cardiolle et nous reviendrons a pied. Cela te fera du bien de marcher, pere. Ce fut ainsi que, malgre notre diversite d'opinions, nous ne nous trouvames pas separes. Je retournai a Cassis le dimanche suivant, puis l'autre dimanche encore; puis enfin, il fut de regle que j'irais tous les jeudis et tous les dimanches. Je ne pouvais pas parler de mon amour; mais je pouvais aimer et j'aimais. M. de Solignac, presque toujours absent, me laissait toute liberte,--j'entends liberte de confiance. XV Je crus qu'il me fallait un pretexte aupres du general pour justifier mes frequentes visites a Cassis, et je ne trouvai rien de mieux que de le prier de me raconter ses campagnes. Bien souvent, dans le cours de la conversation, il m'en avait dit des episodes, tantot l'un, tantot l'autre, au hasard; mais ce n'etaient plus des extraits que je voulais, c'etait un ensemble complet. Je dois avouer qu'en lui adressant cette demande, je pensais que j'aurais quelquefois des moments durs a
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