composant l'avant-garde se jetaient sans hesiter
sur les troupes qui gardaient les abords du pont, et les forcaient a en
abandonner la defense. L'armee avait ete partagee en trois colonnes
d'attaque: l'une commandee par Bixio, l'autre par Sertori, celle du
centre par le general Garibaldi. A quatre heures, chassant l' ennemi de
maison en maison, dans le faubourg, les volontaires arriverent a la
porte de Palerme au milieu de l'incendie allume par les fuyards dans
chacune des maisons qu'ils etaient forces d'abandonner. A six heures le
faubourg etait pris. Il y avait en ce moment environ douze mille hommes
au Palazzo-Reale, couvrant le front de la ville. La citadelle, avec cinq
mille hommes, defendait la gauche, du cote du mont Pellegrini; deux
mille hommes, environ, occupaient le faubourg que venait d'enlever
l'armee liberatrice. Il y avait bien encore quatre mille hommes, mais
ils etaient a la poursuite d'Orsini. En attaquant par ce faubourg, le
general Garibaldi avait l'intention d'isoler, par un vigoureux coup de
main, la citadelle du Palazzo-Reale, et d'offrir en meme temps, par ce
seul fait, un point d'appui au mouvement insurrectionnel des habitants.
A quelques heures d'intervalle, le colonel Orsini atteignait aussi
Palerme, ramenant ses pieces, apres avoir derobe adroitement sa marche a
la colonne napolitaine qui le poursuivait, et qui, un beau matin, en se
reveillant, n'avait plus su retrouver la piste du gibier qu'elle
chassait si maladroitement.
On ne saurait se faire une idee du desarroi dans lequel se trouvait deja
en ce moment l'armee royale, et du decouragement que les defaites de
Calatafimi et de Parco avaient apporte meme parmi les soldats les plus
resolus. En voici un exemple: apres le passage du pont de l'Amiraglio,
un jeune volontaire, nomme Kiossoni, Messinois, et dont le pere avait
ete longtemps vice-consul de France en cette ville, se precipita, suivi
seulement de quelques camarades, sur une barricade qui barrait le
boulevard, a gauche de la porte de Termini, par laquelle les troupes
royales rentraient en desordre. Aucun defenseur n'y paraissait; mais,
arrives au sommet, ils virent de l'autre cote, a une cinquantaine de
metres, deux ou trois compagnies, l'arme au pied, qui, en apercevant les
casaques rouges, se debanderent immediatement dans toutes les
directions, laissant nos volontaires se frotter les yeux pour s'assurer
s'ils ne revaient pas.
Deux braves soldats napolitains etaient restes seuls
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