ppant de sa botte au milieu de la buche, helas! la derniere buche qui
brulait encore dans la cheminee.
--Dieu m'en preserve! repondit Marthe; je voulais vous consoler en vous
disant que je ne suis pas fiere, et que le jour ou vous serez dans
l'aisance, je ne rougirai pas d'en profiter. Mais, en attendant,
laissez-moi travailler, Horace, voyons, je vous en supplie, laissez-moi
vivre comme je l'entends.
--Jamais! reprit-il avec energie, jamais je ne consentirai a ce que tu
redeviennes une grisette, une femme d'etudiant; cela ne se peut pas,
j'aime mieux que tu me quittes.
--Voila une affreuse parole que vous repetez pour la troisieme fois.
Vous ne m'aimez donc plus, que la misere vous effraie avec moi?
--O mon Dieu! est-ce pour moi que je la crains? Est-ce que je n'ai pas
traverse deja plusieurs fois des crises desesperees? est-ce que je sais
seulement si j'en ai souffert? Je ne me souviens pas meme comment j'ai
fait pour en sortir.
--C'est donc pour moi que vous vous inquietez! Eh bien, rassurez-vous:
l'inaction a laquelle vous me condamnez me pese et me tue; le travail,
en meme temps qu'il detournera la misere, rendra ma vie plus douce et
mon coeur plus gai.
--Mais ce travail dont tu parles et cette misere que tu nargues, c'est
tout un; oui, Marthe, c'est la meme chose pour moi. Non, non, c'est
impossible que je souffre cela! Je trouverai, j'inventerai quelque
chose. J'emprunterai le dernier ecu du petit Paulier, et j'irai a la
roulette. Peut-etre gagnerai-je un million!
--Ne le faites pas, Horace, au nom du ciel, n'essayez pas de cette
affreuse ressource!
--Tu veux bien aller au Mont-de-Piete, toi? Au Mont-de-Piete! avec les
femmes les plus viles, avec les filles perdues! Ce serait la premiere
fois de ta vie, n'est-ce pas? reponds, Marthe! Dis-moi que tu n'y as
jamais ete.
--Quand j'y aurais ete, je n'en serais pas plus humiliee pour cela.
C'est une ressource dont toute honte est pour la societe. On y voit
plus de meres de famille que de filles perdues, croyez-moi, et bien
des pauvres creatures y ont jete leur derniere nippe plutot que de se
vendre.
--Ah! tu y as ete, Marthe! Je vois que tu y as ete! Tu en parles avec
une aisance qui me prouve que ce ne serait pas la premiere fois... Mais
pourquoi donc y as-tu ete? Tu ne manquais de rien avec M. Poisson, et
ensuite Arsene ne t'y aurait pas laissee aller!"
Et, au lieu de songer au devouement tranquille de sa maitresse, Horace
se creusait la cer
|