FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   156   157   158   159   160   161   162   163   164   165   166   167   168   169   170   171   172   173   174   175   176   177   178   179   180  
181   182   183   184   185   186   187   188   189   190   191   192   193   194   195   196   197   198   199   200   201   202   203   204   205   >>   >|  
au fond de son coeur etait trop delicat pour qu'il voulut l'exposer aux doutes moqueurs qu'eut provoques une premiere explication. Faute de pouvoir abjurer un instant le role qu'il s'etait fait, il s'etait donc condamne a ne frequenter que des femmes trop faciles pour lui inspirer un attachement serieux, mais qu'il traitait cependant avec une douceur et des egards auxquels elles n'etaient guere habituees. Ceci est l'histoire de bien des hommes. Une fierte singuliere les empechait de se montrer tels qu'ils sont, et ils portent toute leur vie la peine d'une innocente dissimulation dans laquelle on les oblige a persister. Mais comme le naturel perce toujours, malgre l'espece de mepris railleur que notre bousingot professait pour les sentiments romanesques, il ne pouvait voir humilier et affliger une femme, quelle qu'elle fut, sans une profonde indignation. S'il voyait une prostituee frappee dans la rue par un de ces hommes infames qui leur sont associes, il prenait parti heroiquement pour elle, et la protegeait au peril de sa vie. A plus forte raison avait-il peine a se contenir lorsqu'il voyait une femme delicate recevoir de ces blessures qui sont plus cruelles au coeur d'un etre noble que les coups ne le sont aux epaules d'un etre avili. Des les commencements de son sejour dans la maison Chaignard, il vit sur les joues de Marthe la trace de ses larmes; il surprit souvent Horace dans des acces de colere que ce dernier avait bien de la peine a reprimer devant lui. Peu a peu Horace, s'habituant a le considerer comme un temoin sans consequence, s'habitua aussi a ne plus se contraindre, et Laraviniere ne put rester longtemps impassible spectateur de ses emportements. Un jour il le trouva dans une veritable fureur: Horace avait passe la nuit au bal de l'Opera; il avait les nerfs agaces, et regardait comme une injure de la part de Marthe, comme un empietement sur sa liberte, comme une tentative de despotisme, qu'elle lui eut adresse quelques reproches sur cette absence prolongee. Marthe n'etait pas jalouse, ou, du moins, si elle l'etait, elle n'en laissait jamais rien paraitre; mais elle avait ete inquiete toute la nuit, parce qu'Horace lui avait promis de rentrer a deux heures. Elle avait craint une querelle, un accident, peut-etre une infidelite. Quoi qu'elle eut souffert, elle ne se plaignait que de ne pas avoir ete avertie, et sa figure alteree disait assez les angoisses de son insomnie cruelle. "N'est-ce pas odieux, je
PREV.   NEXT  
|<   156   157   158   159   160   161   162   163   164   165   166   167   168   169   170   171   172   173   174   175   176   177   178   179   180  
181   182   183   184   185   186   187   188   189   190   191   192   193   194   195   196   197   198   199   200   201   202   203   204   205   >>   >|  



Top keywords:

Horace

 

Marthe

 

voyait

 

hommes

 

impassible

 

trouva

 

veritable

 

longtemps

 
spectateur
 
fureur

emportements

 

rester

 
consequence
 

souvent

 

colere

 

dernier

 

surprit

 
larmes
 

Chaignard

 
reprimer

devant

 
habitua
 

contraindre

 

Laraviniere

 

temoin

 

habituant

 

considerer

 

despotisme

 

heures

 

craint


querelle
 

rentrer

 
promis
 

paraitre

 

cruelle

 

inquiete

 

insomnie

 

angoisses

 

alteree

 

souffert


plaignait

 

figure

 

disait

 

accident

 

infidelite

 

jamais

 
avertie
 

tentative

 

adresse

 

quelques