FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   186   187   188   189   190   191   192   193   194   195   196   197   198   199   200   201   202   203   204   205   206   207   208   209   210  
211   212   213   214   215   216   217   218   219   220   221   222   223   224   225   226   227   228   229   230   231   232   233   234   235   >>   >|  
ot avec tendresse, tantot avec fureur. Il se tordait les mains, dechirait ses couvertures et s'arrachait presque les cheveux. Jean le regardait toujours sans rien dire et sans bouger, pret a s'opposer aux actes d'un delire serieux, mais resolu de n'etre pas dupe d'une de ces scenes de drame qu'il lui attribuait la faculte de jouer froidement au milieu de ses malheurs les plus reels. A mes yeux (et je crois l'avoir connu aussi bien que possible), Horace n'etait pas, comme le croyait Jean, un froid egoiste. Il est bien vrai qu'il etait froid; mais il etait passionne aussi. Il est bien vrai qu'il avait de l'egoisme; mais il avait en meme temps un besoin d'amitie, de soins et de sympathie qui denotait bien l'amour des semblables. Ce besoin etait si puissant chez lui, qu'il etait porte jusqu'a l'exigence puerile, jusqu'a la susceptibilite maladive, jusqu'a la domination jalouse. L'egoiste vit seul; Horace ne pouvait vivre un quart d'heure sans societe. Il avait de la personnalite, ce qui est bien different de l'egoisme. Il aimait les autres par rapport a lui; mais il les aimait, cela est certain, et on eut pu dire sans trop sophistiquer que, ne pouvant s'habituer a la solitude, il preferait l'entretien du premier venu a ses propres pensees, et que, par consequent, il preferait en un certain sens les autres a lui-meme. Lorsque Horace avait du chagrin, il n'avait qu'un moyen de s'etourdir, et ce moyen etait egalement bon pour ramener a lui les coeurs qu'il avait blesses, et pour dissiper sa propre souffrance: il se fatiguait. Cette fatigue singuliere, qui agissait sur le moral aussi bien que sur le physique, consistait a donner a son chagrin un violent essor exterieur par les paroles, par les larmes, les cris, les sanglots, meme par les convulsions et le delire. Ce n'etait pas une comedie, comme le croyait Laraviniere; c'etait une crise vraiment rude et douloureuse dans laquelle il entrait a volonte. On ne peut pas dire qu'il en sortit de meme. Elle se prolongeait quelquefois au dela du moment ou il en avait senti le ridicule ou la fatigue; mais il suffisait d'un tres petit accident exterieur pour la faire cesser. Un reproche ferme, une menace de la personne qu'il prenait pour consolateur ou pour victime, l'offre subite d'un divertissement, une surprise quelconque, une petite contusion ou une mince ecorchure attrapee en gesticulant ou en se laissant tomber, c'en etait assez pour le ramener de la plus violente exaltation a
PREV.   NEXT  
|<   186   187   188   189   190   191   192   193   194   195   196   197   198   199   200   201   202   203   204   205   206   207   208   209   210  
211   212   213   214   215   216   217   218   219   220   221   222   223   224   225   226   227   228   229   230   231   232   233   234   235   >>   >|  



Top keywords:

Horace

 

besoin

 

egoisme

 

egoiste

 
chagrin
 

croyait

 

fatigue

 
aimait
 

autres

 
ramener

exterieur

 
preferait
 

delire

 

reproche

 
agissait
 

singuliere

 

attrapee

 

subite

 

gesticulant

 

paroles


larmes

 

violent

 

menace

 
consistait
 

donner

 

physique

 
fatiguait
 

egalement

 

exaltation

 

ecorchure


etourdir

 

Lorsque

 

consolateur

 

prenait

 
personne
 

coeurs

 
souffrance
 

propre

 

blesses

 
dissiper

petite

 

sanglots

 
ridicule
 

suffisait

 
volonte
 

contusion

 
prolongeait
 
quelquefois
 

tomber

 
quelconque