par le
langage et expriment des conventions de l'esprit.
Ce qu'il y a de vrai du conceptualisme, c'est que l'esprit concoit
les objets qu'il a percus, en ramene la diversite a l'unite par les
ressemblances, et recueille dans les individus la pensee commune qui est
le genre et l'espece.
Ce qu'il y a de vrai dans l'individualisme de Roscelin, c'est que
la realite en acte est toujours particuliere, et que la substance
proprement dite n'est jamais en fait universelle.
Ce qu'il y a de vrai dans le realisme, c'est que les genres et les
especes sont des collections formees d'individus reels en vertu de leur
reelle communaute de nature.
Ce qu'il y a de vrai de la doctrine de l'indifference, c'est qu'il
existe dans tous les individus d'une meme nature un element commun, la
matiere, ce non-different ou ce semblable dans tous, diversifie par les
formes individuelles.
Ce qu'il y a de vrai dans la doctrine des essences universelles, c'est
que cette matiere, semblable dans tous les etres, et qui ne differe que
numeriquement, est par la communaute de ses caracteres, par l'identite
de ses effets, un universel reel, quoiqu'il ne soit jamais separe d'une
forme qui le particularise.
Ce qu'il y a de vrai dans l'idealisme[121], c'est que la forme qui n'est
ni matiere, ni genre, ni substance, est cependant l'element, reel et
formateur de l'essence, et subsiste avec un caractere de determination,
une constance d'efficacite qui suppose une permanence superieure aux
changements et aux accidents successifs de la matiere sensible; tandis
que la matiere premiere ou la pure essence, base primitive de toute
matiere posterieure, subsiste comme quelque chose de durable,
d'identique, d'indetermine, d'inaccessible aux sens en dehors des
formes, et partant d'incorporel, mais d'accessible a toutes les formes
et de necessaire indistinctement a toutes les choses existantes.
[Note 121: J'entends par ce mot la doctrine qui donnait une certaine
existence a des dires indefinissables qui n'etaient ni abstraction, ni
substance spirituelle, ni substance sensible, et que la scolastique
etait sans cesse portee a realiser; doctrine qu'on peut egalement
appeler un platonisme altere, ou un aristotelisme imparfait.]
Voila en substance ce qu'Abelard a recueilli dans tous les systemes
qu'il a critiques; c'est bien la un eclectisme, seulement l'auteur n'en
a pas une conscience distincte, il ne l'etablit pas systematiquement; on
y rencontre meme ca et la
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