e de communes a tous les etres; il y en a
de tellement particulieres qu'elles sont exclusives. Entre ces deux
extremes se placent divers degres; a ces degres correspondent de
certains groupes de qualites constitutives; les qualites constitutives
sont dites essentielles en ce qu'elles constituent l'essence.
Les qualites sont donc essentielles ou ne le sont pas.
Lorsque l'esprit embrasse tous les etres dans leur universalite, il leur
trouve un certain nombre de caracteres communs; ces caracteres sont
plus que des modes, plus meme que des attributs. Si nous les appelons
attributs ou modes, c'est par un besoin de notre esprit, qui ne connait
directement les etres que par leurs qualites; mais ces attributs
improprement dits sont plutot des conditions ou des principes
d'existence determinee. C'est par eux que tes etres sont des etres.
Dans cette universalite des etres, des differences apparaissent,
c'est-a-dire des attributs differents, et cependant communs encore
a plusieurs, mais en plus petit nombre. Les plus communs apres les
conditions universelles constituent les essences plus generales. Entre
ces caracteres communs, on distingue encore de certaines differences, et
l'on concoit des essences moins generales; ainsi d'essences en essences,
on arrive a l'essence la moins generale, a savoir la substance
individuelle; mais cette substance individuelle porte encore des
caracteres communs a bien d'autres substances individuelles, elle a de
nombreuses ressemblances. De meme que la consideration des differences
nous a fait descendre de l'universalite des etres a l'individualite
de l'etre, la consideration des ressemblances nous ferait remonter de
l'individualite a l'universalite.
C'est ainsi que les etres se representent a l'esprit humain, qui en
forme et en ordonne la conception. Mais ces classifications, qui sont
certainement concues, ne sont-elles que des conceptions? L'affirmative
serait la reponse insensee du scepticisme. Ne lui on deplaise, ces
classes sont certainement fondees sur des faits reels. Ni l'observation,
ni la raison qui les a reconnues, ne nous forgent des mensonges. Mais ce
n'est pas tout que de porter sur des faits reels; les conceptions des
essences, plus ou moins communes, plus ou moins particulieres,
donnent lieu a une distinction fondamentale. Il en est qui, sans etre
illusoires, n'ont rien d'essentiel; il en est d'essentielles. Celles-ci
reposent sur les caracteres dominants dont l'ensemble forme
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