ux du XIIe siecle, et qui le preservent ou le delivrent des exces
et des erreurs, infaillible chatiment de toute doctrine absolue.
[Note 127: Leibnitz, _In Nisol_. praefat., edit. Dutens, t. IV, _Nouv.
Essais_, t. III, c. III, 6,--Descartes, _Les Principes_, 1re part., sec.
59.--Locke, _De l'Entend. hum_., t. III, c. III, sec. 6 et suiv., et c.
VI, sec. 7 et suiv.--Reid, _Essais sur les facultes de l'esprit humain_,
ess. V, c. VI.--D. Stewart, _Philos. de l'esprit humain_, c. IV, sect.
II, III et IV.]
[Note 128: Il est remarquable, en effet, que les objections dirigees par
Bayle contre l'_universale a parte vel_ des scolastiques, et contre
la confusion de l'attribut et de la substance dans Spinoza, soient
precisement les idees dont s'empare Hegel pour edifier sa doctrine.
(Voy. Bayle, art, _Abelard_, et _Sillpon_.--Hegel, _Gesch. Der
Philosophie_, t. III, p. 168.)]
Abelard a donc triomphe; car, malgre les graves restrictions qu'une
critique clairvoyante decouvre dans le nominalisme ou le conceptualisme
qu'on lui impute, son esprit est bien l'esprit moderne a son origine. Il
l'annonce, il le devance, il le promet. La lumiere qui blanchit au matin
l'horizon est deja celle de l'astre encore invisible qui doit eclairer
le monde.
En parlant ainsi, je n'eviterai pas l'accusation de nominalisme. Je ne
demande qu'a la restreindre dans les limites suivantes.
L'essence est reelle; il n'y a point d'existence sans essence; mais
l'essence ne se rencontre reellement que dans l'etre determine, parce
que l'etre n'existe que determine. Cependant la determination n'est pas
une chose absolue; elle est susceptible de plus ou de moins. La matiere
etendue, par exemple, est la conception de l'etre percevable, la plus
indeterminee, ou, si l'on veut, la moins determinee que nous puissions
former. Quand nous divisons la matiere ou la voyons divisee, ses
divisions sont des parties qui sont quelquefois appelees individus, et
qui devraient plutot s'appeler fragments, car ces parties ne meritent
proprement ce nom d'individus qu'autant qu'elles sont, comme divisions,
l'oeuvre de la nature, ou, pour parler plus hardiment, un tout de
creation divine, qui ne peut en general etre divise sans changer de
nature. Quoi qu'il en soit, l'etre va toujours se determinant davantage.
Ces determinations successives divisent reellement l'universalite de la
substance, et comme ces divisions correspondent a des substances, unes,
distinctes, d'origine naturel
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