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suis en Italie; de beaux nuages argentes planent au-dessus des campagnes; quelques-uns d'entre eux sont si loin de moi, qu'ils paraissent mollement se reposer au-dessus des arbres. Pendant quelques instants, je m'abandonne a une douce reverie, a une muette contemplation, charme merveilleux des voyages aeriens: je plane dans un pays enchante, monde abandonne de tout etre vivant, le seul ou la guerre n'ait pas encore porte ses maux! Mais la vue de Saint-Cloud que j'apercois a mes pieds, sur l'autre rive de la Seine, me ramene aux choses d'en bas. Je me reporte vers la realite, vers l'invasion. Je jette mes regards du cote de Paris, que je n'entrevois plus que sous une mousseline de brume. Une profonde tristesse s'empare de moi; j'eprouve la sensation du marin qui quitte le port pour un long voyage. Je pars; mais quand reviendrai-je? Je te quitte, Paris; te retrouverai-je? Comment definir ces pensees qui se heurtent confusement dans mon cerveau? C'est la-bas, au milieu de ce monceau de constructions, de ce labyrinthe de rues et de boulevards, que j'ai vu le jour; c'est sous cette mer de brume que s'est ecoulee mon enfance! C'est toi, Paris, qui as su ouvrir mon coeur aux sentiments d'independance et de liberte qui m'animent! Te voila captif aujourd'hui? L'heure de la delivrance sonnera-t-elle pour toi? Je sais bien que la foi, la constance, ne manqueront jamais a tes enfants; mais qui peut compter sans les hasards de la guerre? Pendant que mille reflexions naissent et s'agitent ainsi dans mon esprit, le vent me pousse toujours dans la direction de l'Ouest, comme l'atteste ma boussole. Apres Saint-Cloud, c'est Versailles qui etale a mes yeux les merveilles de ses monuments et de ses jardins. Jusqu'ici je n'ai vu que deserts et solitudes, mais au-dessus du parc la scene change. Ce sont des Prussiens que j'apercois sous la nacelle. Je suis a 1,600 metres de haut; aucune balle ne saurait m'atteindre. Je puis donc m'armer d'une lunette et observer attentivement ces soldats, lilliputiens vus de si haut. Je vois sortir de Trianon des officiers qui me visent avec des lorgnettes, ils me regardent longtemps; un certain mouvement se produit de toutes parts. Des Prussiens se chauffent le ventre sur le tapis vert, sur cette pelouse que foulait aux pieds Louis XIV. Ils se levent, et dressent la tete vers le _Celeste_. Quelle joie j'eprouve en pensant a leur depit.--Voila des lettres que vous n'arreterez pas, et des depeches que
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