de Cimarosa,[29] mais une voix charmante, une methode
pleine de gout.... Je m'approche ... c'etait monsieur Charles!
LA COMTESSE. En verite!
LEONIE, _avec depit._ Vous riez, ma tante; eh bien! moi, cela m'indigne
... je ne sais pas pourquoi, mais cela m'indigne! Comment
distinguera-t-on un homme bien ne[30] d'un valet de chambre, s'ils sont
tous deux elegants de figure, de manieres ... car, remarquez, ma tante,
qu'il est tout a fait bien de sa personne,[31] et lorsqu'a table il vous
sert, qu'il vous offre un fruit, c'est avec un choix de termes, un
accent de bonne compagnie[32] qui me mettent hors de moi[33] ... parce
qu'il y a de l'impertinence a lui a s'exprimer aussi bien que ses
maitres! cela nous deconsidere,[34] cela nous.... (_Avec impatience._)
Enfin, ma tante, je ne sais comment vous exprimer ce que je ressens,
mais moi, qui suis bienveillante pour tout le monde, j'eprouve pour cet
insolent valet une antipathie qui va jusqu'a l'aversion, et si j'etais
maitresse ici, bien certainement il n'y resterait pas!
LA COMTESSE, _gaiement._ La ... la ... calmons-nous! avant de le
chasser, il faut permettre qu'il s'explique, ce garcon.... (_Elle
sonne._)
LEONIE. Est-ce pour lui que vous-sonnez, ma tante?
LA COMTESSE. Precisement!... (_A un domestique qui entre._) Charles
est-il la?
LE DOMESTIQUE. Oui, madame la comtesse.
LA COMTESSE. Qu'il vienne!... (_Le domestique sort._)
LEONIE. Mais ma tante ... qu'allez-vous lui dire?
LA COMTESSE. Sois tranquille!
LEONIE. Te ne voudrais pas qu'il crut que c'est a cause de moi que vous
le grondez!
LA COMTESSE, _gaiement._ Pourquoi donc? ne trouves-tu pas qu'il t'a
manque de respect?...
SCENE IV
LES PRECEDENTS, CHARLES.
CHARLES. Madame, m'a appele?...
LA COMTESSE. Oui. Approchez-vous, Charles; vous me forcerez donc
toujours a vous adresser des reproches. Pourquoi vous etes-vous permis...
LEONIE, _bas a la comtesse._ Il ne savait pas que j'etais la[35] ...
LA COMTESSE, _a Leonie._ N'importe!... (_A Charles._) Pourquoi vous
etes-vous permis de vous approcher de mon portrait, du dessin de ma
niece, et de dire ... qu'il etait charmant....
CHARLES. J'ai dit qu'il etait ressemblant, madame la comtesse.
LA COMTESSE. C'est precisement ce mot qui est de trop: approuver c'est
juger; et on n'a le droit de juger que ses egaux.
CHARLES. Je demande pardon a mademoiselle de l'avoir offensee ... a
l'avenir, je ne ferai plus que penser ce que j'ai dit.
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