ez "garcon" tout court; je ne vous engage pas a vous
adresser a lui si vous retournez au buffet.
Le plus terrible, a mon avis, c'est l'extra-censeur, celui qui censure
vos actes; c'est le garcon dont les yeux semblent dire au malheureux qui
redemande quelque chose:
--Mais, pardon, vous en avez deja pris et si chacun en faisait
autant....
On dirait, ma parole, que c'est lui qui paie le buffet. Aussi, que les
gourmands me permettent un conseil en passant:
--Faites comme moi, adressez-vous chaque fois a un garcon different.
Il y a encore l'extra ... ordinaire, rien a dire de celui-la.
Mais le plus beau que j'aie rencontre, c'est l'extra-familier, qui, pour
un peu, vous tutoierait devant tout le monde et vous frapperait
familierement sur le ventre en vous appelant _vieux copain_.
Pour celui-la, je demande la permission d'ouvrir une parenthese.
Comme je l'ai deja dit, allant frequemment en soirees, l'hiver, chez des
amis et chez des etrangers, a cause de ma profession, je me retrouve la,
souvent, avec les memes figures d'extra parmi lesquels ils s'en montrent
de plus familiers les uns que les autres.
Il y en a un que j'ai rencontre plus de cinquante fois; je le vois a peu
pres tous les quinze jours dans la saison; mais, des que je l'apercois
dans une soiree, je l'evite avec soin, car il m'aborde toujours ainsi:
--Eh! bien, nous travaillons donc encore ensemble, ce soir?
Et en disant sa petite phrase, il me gratifie d'une tape protectorale
sur l'epaule. Ca m'embete, mais je suis force de le subir!
Cependant, s'il y a le mauvais cote de la chose, il y a aussi le bon;
derriere le revers, la medaille.
Dernierement, nous etions ensemble dans la meme soiree; je vais au
buffet et je vois "mon protecteur" tres occupe a servir une foule
d'habits noirs qui demandaient tout a la fois: chocolat, punch, glaces
etc., etc., Il m'apercoit, les delaisse tous et, venant a moi:
--Que voulez vous prendre monsieur Galipaux? (car il m'appelle par mon
nom).
--J'aurais desire prendre un bouillon, mais je viens de vous entendre
dire a un monsieur qu'il n'en restait plus, alors je ...
--Ah! ca, vous riez! pas de bouillon pour vous!! mais je savais que vous
deviez venir ce soir, j'en ai garde pour ... nous deux. Tenez.
Et tirant de dessous la table une tasse toute versee, il me dit d'un ton
paterne:
--Tenez, mon p'tit, buvez ca, vous m'en direz des nouvelles!!
--!!!
--Ce n'est pas tout. Voici une tranche de
|