a! Ce metier me fait penser de nouveau aux ennuis sans nombre, aux
desagrements de toutes sortes, qu'occasionne sans cesse la similitude du
costume de garcon de soiree avec le notre.
Nous sommes tous indifferemment en habit noir.
L'Extra--puisqu'il faut l'appeler par son nom--n'a rien qui le distingue
des invites. Il serait si simple cependant de le mettre en bas de soie
ou de lui donner un signe distinctif quelconque qui le ferait
reconnaitre; on ne se tromperait plus alors, et l'on eviterait par cela
meme les erreurs frequentes et regrettables que l'on commet tous les
jours.
Ce leger changement a apporter a la toilette de ces valets est bien
simple et ne demanderait pas grand peine: il suffirait que cet hiver une
mondaine en prit l'initiative et toute la gentry l'imiterait avec
ensemble. Mais mes lamentations sont parfaitement inutiles, et vous
verrez que, comme par le passe, la routine, la sempiternelle routine
continuera a laisser les choses dans un doux statu-quo.
Et pourtant, que de gaffes n'a-t-on pas faites!
A qui de nous n'est-il pas arrive de dire a un invite orne de longs
favoris:
--Voici mon pardessus, donnez-moi un numero?
Ou bien de converser longuement avec un domestique dont la figure
rappelle celle d'un ministre assez mondain, et de lui demander ce qu'il
pense de la crise politique que nous traversons!
Et il n'y a pas a objecter la distinction et la tenue.
Certains domestiques de cercle, qui ont servi longtemps ducs, marquis et
barons, ont acquis a ce noble frottement une distinction apparente, une
tenue relative qui font que les plus perspicaces s'y trompent.
Ce sont des figures bien interessantes a etudier que celles de ces
garcons dits "extra!"
Il y a l'extra-serieux, le garcon qui pontifie et vous sert un sandwich
avec la dignite d'un senateur romain elaborant une loi.
Il y a l'extra-gai, celui qui plaisante avec vous, risque le calembourg
facile avec le mot _the_.
Un type bien curieux, c'est l'extra-prevenant, qui vous dit, lorsque
vous lui demandez une glace:
--Non, non, ca vous ferait mal, prenez plutot du punch bien chaud.
On rencontre egalement l'extra-grincheux, qui _a servi dans des maisons
plus importantes ou le buffet etait bien mieux approvisionne_; celui-la
vous sert a contre coeur, sans la moindre complaisance il vous donne un
sorbet sans cuiller ... et sans grace.
Il y a aussi l'extra-susceptible qui vous en veut a mort si vous vous
trompez et l'appel
|