M. de Maisonneuve et
par le chef de la milice, Charles Le Moyne, ils etaient devenus des
combattants consommes, des explorateurs infatigables. Ils avaient pris
les bonnes qualites des sauvages, et y ajoutaient l'esprit de discipline
et de tactique des milices francaises.
On a dit que les Francais n'avaient pas le genie de la colonisation
comme leurs voisins; mais, suivant M. Parkman lui-meme, cela n'est point
exact. M. Parkman pense que les colons francais egalaient les Anglais
sous bien des rapports.
Les Francais n'avaient pas les vues odieuses des colons de la
Nouvelle-Angleterre: ils n'auraient jamais voulu adopter, comme eux, un
plan d'extermination contre ces pauvres gens.
Ce qui est affirme, meme par les ecrivains anglais, c'est que sous
le rapport des qualites morales et des qualites intellectuelles, les
colonies anglaises etaient vraiment inferieures a la colonie francaise,
tandis que sous le rapport de l'activite, de l'intelligence et de la
bonne organisation, la colonie francaise egalait toutes les colonies
anglaises reunies.[8]
[Note 8: Le systeme francais avait un grand avantage; il favorisait
l'element guerrier: la population etait formee entierement de soldats
et de miliciens (Parkman). L'occupation principale etait un continuel
apprentissage de la guerre dans les bois. La haute classe regardait
la guerre comme la seule occupation digne d'elle, et elle estimait
l'honneur plus que la vie. Pour ce qui est de l'habitant, les bois, les
lacs, les cours d'eau etaient ses lieux d'etude, et la il etait maitre
consomme. Forestier habile, hardi canotier, toujours pret pour les
entreprises perilleuses; dans les guerres d'escarmouche et d'embuscade
au milieu des bois, il y en avait peu qui pussent lui etre compares
(Parkman).--"En Canada, comme en Europe, a ce moment, la race francaise
a appris a se connaitre. Elle s'est trouve des forces que les autres
siecles ne savaient pas." Voila ce qu'a produit l'amour de la discipline
et le zele de la religion.
Les Francais n'aspiraient pas a des conquetes, mais ils voulaient sauver
des ames, et pour arriver a ce but, ils avaient autant de perseverance
et d'energie que leurs voisins en avaient pour les avantages materiels
(Saint-Marc Girardin sur l'Amerique du Nord).]
Au milieu de terribles epreuves, la colonie s'etablissait, avec une
reunion des hommes les plus capables: M. de Maisonneuve, le gouverneur;
son lieutenant, Lambert Closse; M. d'Ailleboust, un offici
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