comme toutes celles de ces temps etait une
batisse a deux etages. La lumiere ne filtrait dans les cellules que par
un etroit soupirail grille de niveau avec le plafond, elle ne pouvait
se faire jour qu'a travers un epais rideau de poussiere et de fils
d'araignees. Les murs suintaient l'humidite de toutes parts, un monceau
de paille pourrie repandait une odeur infecte quelques crampons de fer
rives aux murs auxquels etaient attachees de fortes chaines avec des
menottes qu'on me passa aux pieds et aux mains, tel etait l'interieur de
tous les cachots. Tous rapports avec l'exterieur ne se faisaient que par
un guichet d'une petite dimension par ou le geolier venait passer aux
prisonniers l'ecuelle d'eau et le morceau de pain sec s'ils n'etaient
pas enchaines; dans l'autre cas, ces aliments etaient deposes pres
d'eux, celui qui les apportait penetrait dans la cellule ou plutot
dans le cachot. C'est a peine si cette nourriture pouvait soutenir ces
pauvres malheureux pendant une quinzaine de jours.
Voila ce qui explique pourquoi on s'empressait de juger sitot les
criminels tant on craignait, qu'ils ne mourussent d'inanition avant que
d'avoir subi leur proces.
Toutes ces reflexions je les fis dans un instant, puis tout a coup se
presenta a mon esprit l'execution d'Attenousse, qui devait avoir lieu le
lendemain et moi qui etait si pres de lui, moi dont la poitrine etait
couverte de blessures et dont la voix etait si puissante, quand j'etais
libre, aupres des officiers francais et du Gouverneur en chef, qui tous
me connaissaient particulierement, je ne pouvais rien faire pour lui.
Oh! alors je bondissais comme un lion dans sa cage, je faisais des
efforts surhumains pour conquerir ma liberte, je m'elancais au bout de
mes chaines et faisais de telles tractions qu'elles ebranlaient presque
le mur vermoulu de mon cachot. Je poussais des cris, des rugissements
qui n'avaient rien d'humain et qui devaient retentir dans les recoins
les plus eloignes de l'edifice, mais tout etait inutile et l'heure
fatale avancait avec une effroyable rapidite.
Ce que je souffris dans cette horrible nuit d'angoisses et de tortures
morales je ne pourrais jamais l'exprimer jusqu'au moment ou l'idee d'une
priere me vint a l'esprit.
Je tombai a genoux et priai avec toute la ferveur dont mon ame etait
capable.
Cette priere sans doute fut ecoutee du Ciel, car bientot des pas lents
et graves comme ceux que j'avais entendus dans la journee retentirent
d
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