de son fauteuil.
--Mais va donc, s'ecria-t-il, va donc, de la vigueur, de l'ame; quel
pot-a-feu a remuer que ce garcon-la.
Et il lui allongea un vigoureux coup de poing dans le dos.
L'eleve recommenca avec le meme calme, exactement comme s'il donnait la
benediction aux "cour-ti-sans race vi-le".
Lozes etait reste pres de lui dans un etat de violente exasperation;
tout a coup il lui allongea deux ou trois bourrades en l'apostrophant
grossierement.
Alors cet hercule, qui etait dix fois plus fort que ce gros bonhomme, se
mit a pleurer et a beugler:
--Je ne peux pas, ce n'est pas dans ma nature ... ure ... ure....
--Eh bien! animal, si ce n'est pas dans ta nature, va-t-en beugler avec
les veaux. A un autre.
Une jeune fille sortit d'un coin et s'avanca aupres du fauteuil ou Lozes
s'etait rassis: elle avait quinze ou seize ans a peine, jolie, elegante
et couverte de bijoux, au cou, aux bras, aux mains.
Au moment ou elle ouvrait la bouche, Lozes l'arreta:
--Dis donc, toi, je t'ai deja fait remarquer qu'on devait m'embrasser en
arrivant; si cela ne te va pas, dis-le.
La jeune fille ne dit rien, mais s'avancant vers Lozes qui, sans se
lever, tendit son cou vers elle, elle l'embrassa sur sa joue rasee, qui,
de loin, paraissait toute bleue.
La bruit de ce baiser fit frissonner Madeleine de la tete aux pieds, et
son coeur se souleva. Et quoi! elle aussi, elle devrait embrasser ce
comedien!
La pensee lui vint de se sauver au plus vite, mais la reflexion la
retint; il fallait perseverer quand meme.
La lecon avait commence, mais elle n'alla pas loin.
--Ce n'est pas ca, s'ecria Lozes, arrete, et va t'asseoir sur cette
chaise la-bas; tu croiseras tes bras derriere et tu respireras
fortement; tu t'arrangeras pour que ta respiration descende sans remuer
la poitrine. A un autre.
Un tenor vint remplacer la jeune fille aux bijoux, qui alla s'asseoir
sur sa chaise et s'appliqua a faire descendre sa respiration.
Ou bien Lozes n'etait pas de bonne humeur, ou bien il avait mauvais
caractere, car le jeune tenor avait a peine dit quelques mots, qu'il se
facha:
--Toi, je t'ai deja dit de choisir; veux-tu chanter a la maniere
francaise, en ouvrant la bouche en rond, ou bien a la maniere italienne,
en l'ouvrant en large et en souriant; tu as une tete a sourire, souris
donc; ca charmera les femmes.
Le tenor recommenca en ouvrant si largement la bouche qu'il montra
toutes ses dents.
Tout en l'ecoutant, Lo
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