gelonne,
de Wardes, Manicamp et trois ou quatre autres gentilshommes l'y
suivirent.
La se tint une espece de conseil de guerre; on delibera sur le
moyen qu'il fallait employer pour sauver la dignite de
l'ambassade. Bragelonne conclut pour que l'on respectat le droit
de priorite.
De Wardes proposa de mettre la ville a sac. Cette proposition
parut un peu vive a Manicamp. Il proposa de dormir d'abord:
c'etait le plus sage. Malheureusement, pour suivre son conseil, il
ne manquait que deux choses: une maison et des lits.
De Guiche reva quelque temps; puis, a haute voix:
-- Qui m'aime me suive, dit-il.
-- Les gens aussi? demanda un page qui s'etait approche du groupe.
-- Tout le monde! s'ecria le fougueux jeune homme. Allons
Manicamp, conduis-nous a la maison que Son Altesse Madame doit
occuper.
Sans rien deviner des projets du comte, ses amis le suivirent,
escortes d'une foule de peuple dont les acclamations et la joie
formaient un presage heureux pour le projet encore inconnu que
poursuivait cette ardente jeunesse.
Le vent soufflait bruyamment du port et grondait par lourdes
rafales.
Chapitre LXXXIV -- En mer
Le jour suivant se leva un peu plus calme, quoique le vent
soufflat toujours.
Cependant le soleil s'etait leve dans un de ces nuages rouges
decoupant ses rayons ensanglantes sur la crete des vagues noires.
Du haut des vigies, on guettait impatiemment. Vers onze heures du
matin, un batiment fut signale: ce batiment arrivait a pleines
voiles, deux autres le suivaient a la distance d'un demi-noeud.
Ils venaient comme des fleches lancees par un vigoureux archer, et
cependant la mer etait si grosse, que la rapidite de leur marche
n'otait rien aux mouvements du roulis qui couchait les navires
tantot a droite, tantot a gauche.
Bientot la forme des vaisseaux et la couleur des flammes firent
connaitre la flotte anglaise. En tete marchait le batiment monte
par la princesse, portant le pavillon de l'amiraute.
Aussitot le bruit se repandit que la princesse arrivait.
Toute la noblesse francaise courut au port; le peuple se porta sur
les quais et sur les jetees.
Deux heures apres, les vaisseaux avaient rallie le vaisseau
amiral, et tous les trois, n'osant sans doute pas se hasarder a
entrer dans l'etroit goulet du port, jetaient l'ancre entre Le
Havre et la Heve. Aussitot la manoeuvre achevee, le vaisseau
amiral salua la France de douze coups de canon, qui lui furent
rendus coup pour coup
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