r ne point respirer les
souffles corrupteurs. Sans mensonges, sans detours, Louise, faut-
il que je croie ces mots de Mlle de Montalais? Louise, etes-vous
venue a Paris parce que je n'etais plus a Blois?
La Valliere rougit et cacha son visage dans ses mains.
-- Oui, n'est-ce pas, s'ecria Raoul exalte, oui, c'est pour cela
que vous etes venue? oh! je vous aime comme jamais je ne vous ai
aimee! Merci, Louise, de ce devouement; mais il faut que je prenne
un parti pour vous mettre a couvert de toute insulte, pour vous
garantir de toute tache. Louise, une fille d'honneur, a la cour
d'une jeune princesse, en ce temps de moeurs faciles et
d'inconstantes amours, une fille d'honneur est placee dans le
centre des attaques sans aucune defense; cette condition ne peut
vous convenir: il faut que vous soyez mariee pour etre respectee.
-- Mariee?
-- Oui.
-- Mon Dieu!
-- Voici ma main, Louise, laissez-y tomber la votre.
-- Mais votre pere?
-- Mon pere me laisse libre.
-- Cependant...
-- Je comprends ce scrupule, Louise; je consulterai mon pere.
-- Oh! monsieur Raoul, reflechissez, attendez.
-- Attendre, c'est impossible; reflechir, Louise, reflechir, quand
il s'agit de vous! ce serait vous insulter; votre main, chere
Louise, je suis maitre de moi; mon pere dira oui, je vous le
promets; votre main, ne me faites point attendre ainsi, repondez
vite un mot, un seul, sinon je croirais que, pour vous changer a
jamais, il a suffi d'un seul pas dans le palais, d'un seul souffle
de la faveur, d'un seul sourire des reines, d'un seul regard du
roi.
Raoul n'avait pas prononce ce dernier mot que La Valliere etait
devenue pale comme la mort, sans doute par la crainte qu'elle
avait de voir s'exalter le jeune homme.
Aussi, par un mouvement rapide comme la pensee, jeta-t-elle ses
deux mains dans celles de Raoul.
Puis elle s'enfuit sans ajouter une syllabe et disparut sans avoir
regarde en arriere. Raoul sentit son corps frissonner au contact
de cette main. Il recut le serment, comme un serment solennel
arrache par l'amour a la timidite virginale.
Chapitre XC -- Le consentement d'Athos
Raoul etait sorti du Palais-Royal avec des idees qui n'admettaient
point de delais dans leur execution.
Il monta donc a cheval dans la cour meme et prit la route de
Blois, tandis que s'accomplissaient, avec une grande allegresse
des courtisans et une grande desolation de Guiche et de
Buckingham, les noces de Monsieur et de
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