nt entre ses mains; je les ai interceptees et
renvoyees a M. Raoul, de sorte qu'il te croyait a Blois quand tu
etais a Paris, et ne savait pas surtout que tu fusses montee en
dignite.
-- Eh quoi! tu n'avais pas fait prevenir M. Raoul comme je t'en
avais priee? s'ecria Louise.
-- Bon! pour qu'il fit de l'austerite, pour qu'il prononcat des
maximes, pour qu'il defit ce que nous avions eu tant de peine a
faire? Ah! non certes.
-- Je suis donc bien severe? demanda Raoul.
-- D'ailleurs, fit Montalais, cela me convenait ainsi. Je partais
pour Paris, vous n'etiez pas la, Louise pleurait a chaudes larmes;
interpretez cela comme vous voudrez; j'ai prie mon protecteur,
celui qui m'avait fait obtenir mon brevet, d'en demander un pour
Louise; le brevet est venu. Louise est partie pour commander ses
habits; moi, je suis restee en arriere, attendu que j'avais les
miens; j'ai recu vos lettres, je vous les ai renvoyees en y
ajoutant un mot qui vous promettait une surprise. Votre surprise,
mon cher monsieur, la voila; elle me parait bonne, ne demandez pas
autre chose.
"Allons, monsieur Malicorne, il est temps que nous laissions ces
jeunes gens ensemble; ils ont une foule de choses a se dire;
donnez-moi votre main: j'espere que voila un grand honneur que
l'on vous fait, monsieur Malicorne.
-- Pardon, mademoiselle, dit Raoul en arretant la folle jeune
fille et en donnant a ses paroles une intonation dont la gravite
contrastait avec celles de Montalais; pardon, mais pourrais-je
savoir le nom de ce protecteur? Car si l'on vous protege, vous,
mademoiselle, et avec toutes sortes de raisons...
Raoul s'inclina:
-- ... je ne vois pas les memes raisons pour que Mlle de La
Valliere soit protegee.
-- Mon Dieu! monsieur Raoul, dit naivement Louise, la chose est
bien simple, et je ne vois pas pourquoi je ne vous le dirais pas
moi-meme... Mon protecteur, c'est M. Malicorne.
Raoul resta un instant stupefait, se demandant si l'on se jouait
de lui; puis il se retourna pour interpeller Malicorne.
Mais celui-ci etait deja loin, entraine qu'il etait par Montalais.
Mlle de La Valliere fit un mouvement pour suivre son amie; mais
Raoul la retint avec une douce autorite.
-- Je vous en supplie, Louise, dit-il, un mot.
-- Mais, monsieur Raoul, dit Louise toute rougissante, nous sommes
seuls... Tout le monde est parti... On va s'inquieter, nous
chercher.
-- Ne craignez rien, dit le jeune homme en souriant, nous ne
sommes ni l'
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