berte, par les autres comme un acte hardi, mais necessaire, qui
termina l'anarchie. Ce qu'on en peut dire, c'est que la revolution,
apres avoir pris tous les caracteres, monarchique, republicain,
democratique, prenait enfin le caractere militaire, parce qu'au milieu
de cette lutte perpetuelle avec l'Europe, il fallait qu'elle se
constituat d'une maniere solide et forte. Les republicains gemissent
de tant d'efforts infructueux, de tant de sang inutilement verse pour
fonder la liberte en France, et ils deplorent de la voir immolee par
l'un des heros qu'elle avait enfantes. En cela le plus noble sentiment
les trompe. La revolution, qui devait nous donner la liberte, et qui a
tout prepare pour que nous l'ayons un jour, n'etait pas, et ne devait
pas etre elle-meme la liberte. Elle devait etre une grande lutte contre
l'ancien ordre de choses. Apres l'avoir vaincu en France, il fallait
qu'elle le vainquit en Europe. Mais une lutte si violente n'admettait
pas les formes et l'esprit de la liberte. On eut un moment de liberte
sous la constituante, et il fut court; mais quand le parti populaire
devint menacant au point d'intimider tous les esprits; quand il envahit
les Tuileries au 10 aout; quand au 2 septembre il immola tous ceux qui
lui donnaient des defiances; quand au 21 janvier il obligea tout le
monde a se compromettre avec lui en trempant les mains dans le sang
royal; quand il obligea, en aout 93, tous les citoyens a courir aux
frontieres, ou a livrer leur fortune; quand il abdiqua lui-meme sa
puissance, et la remit a ce grand comite de salut public, compose de
douze individus, y avait-il, pouvait-il y avoir liberte? Non; il y avait
un violent effort de passions et d'heroisme; il y avait cette tension
musculaire d'un athlete qui lutte contre un ennemi puissant. Apres ce
moment de danger, apres nos victoires, il y eut un instant de relache.
La fin de la convention et le directoire presenterent des momens de
liberte. Mais la lutte avec l'Europe ne pouvait etre que passagerement
suspendue. Elle recommenca bientot; et au premier revers les partis se
souleverent tous contre un gouvernement trop modere, et invoquerent un
bras puissant. Bonaparte, revenant d'Orient, fut salue comme souverain,
et appele au pouvoir. On dira vainement que Zurich avait sauve la
France. Zurich etait un accident, un repit; il fallait encore Marengo et
Hohenlinden pour la sauver. Il fallait plus que des succes militaires,
il fallait une reorganisation puis
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