FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   96  
97   98   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114   115   116   117   118   119   120   121   >>   >|  
on qui pouvait s'appliquer a tout et a rien: le monde etait "une drole de paroisse" et on n'etait jamais sur la veille de ce qui vous attendait le lendemain. Surtout la jeune fille qui avait remplace Sidonie se sentait mal a l'aise dans ce milieu. On eut dit qu'en prenant sa place, elle avait pris une part de la faute de celle qui l'avait precedee. C'etait une enfant aux cheveux blonds et aux joues roses, toute fraiche venue de la nature, maintenant emprisonnee dans la fabrique sombre comme un oiseau dans une cage. Elle s'appelait Liezeken. Mme de Beule, tres severe, lui avait notifie que, sous peine de renvoi immediat, elle ne devait avoir les moindres rapports avec les ouvriers; cette menace la rendait si timide, si craintive, qu'elle n'osait meme regarder les "huiliers" et moins encore M. Triphon, dont elle savait l'aventure avec la belle Sidonie, sans que Mme de Beule lui en eut rien dit. Quant a "La Blanche", elle etait plutot reconfortee. Poeteken avait fini par vaincre l'opposition de sa mere et le mariage aurait lieu au commencement de janvier. M. Triphon, lui, etait loin de se sentir a l'aise. Durant les premiers jours on l'avait a peine apercu a la fabrique. Il se promenait beaucoup dans le jardin, avec Kaboul, a qui il faisait faire des tours. Si quelqu'un le surprenait a ce jeu innocent, aussitot il cessait et s'en allait un peu plus loin. Il essayait autant que possible d'eviter son pere; en realite, il ne le voyait qu'aux repas, qui etaient lugubres de silence haineux et concentre. M. de Beule, charge de rancune, mettait une obstination farouche a ne pas adresser la parole a son fils. S'il avait besoin de lui communiquer telle chose concernant les affaires, il le faisait par l'intermediaire de sa femme ou de Sefietje, et meme par des billets crayonnes, brefs comme des ordres, qu'il epinglait sur son pupitre. Et toute sa conversation, pour autant qu'il parlat, etait semee d'allusions desobligeantes et fielleuses, qui ne visaient personne, parait-il, mais, en realite, etaient dirigees uniquement contre son fils. L'heure la plus penible etait celle ou l'on montait se coucher. M. Triphon essayait toujours de s'en tirer en profitant de la presence d'un tiers, Sefietje ou Eleken, pour souhaiter bonne nuit. Il se levait alors avec hesitation, disait "bonsoir papa, bonsoir maman" et se dirigeait vers la porte. La bonne Mme de Beule repondait toujours d'un ton aimable, quoique peu enjoue, "bonne nuit, Triphon",
PREV.   NEXT  
|<   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   94   95   96  
97   98   99   100   101   102   103   104   105   106   107   108   109   110   111   112   113   114   115   116   117   118   119   120   121   >>   >|  



Top keywords:

Triphon

 

fabrique

 

etaient

 

bonsoir

 

realite

 

Sefietje

 
Sidonie
 

essayait

 

autant

 

faisait


toujours
 

besoin

 

aussitot

 

lugubres

 

parole

 

communiquer

 

innocent

 

silence

 
cessait
 

mettait


obstination

 
quelqu
 

eviter

 

charge

 

rancune

 
farouche
 

haineux

 
adresser
 

allait

 

voyait


concentre

 

surprenait

 

Eleken

 

souhaiter

 

levait

 

presence

 

profitant

 
penible
 

montait

 

coucher


hesitation
 
disait
 

aimable

 
quoique
 
enjoue
 
repondait
 

dirigeait

 

epinglait

 

ordres

 

pupitre