illeres, voulez-vous dire?
-- Precisement. Si, par hasard, Votre Majeste avait l'intention,
je ne fais que supposer, de demander a Charles II son alliance
pour une guerre...
-- Pour une guerre?
-- Oui. Eh bien! alors, les conseilleres du roi, qui sont au
nombre de sept, Mlle Stewart, Mlle Wells, Mlle Gwyn, miss Orchay,
Mlle Zunga, miss Daws et la comtesse de Castelmaine,
representeront au roi que la guerre coute beaucoup d'argent; qu'il
vaut mieux donner des bals et des soupers dans Hampton-Court que
d'equiper des vaisseaux de ligne a Portsmouth et a Greenwich.
-- Et alors, votre negociation manquera?
-- Oh! ces dames font manquer toutes les negociations qu'elles ne
font pas elles-memes.
-- Savez-vous l'idee que j'ai eue, ma soeur?
-- Non. Dites.
-- C'est qu'en cherchant bien autour de vous, vous eussiez peut-
etre trouve une conseillere a emmener pres du roi, et dont
l'eloquence eut paralyse le mauvais vouloir des sept autres.
-- C'est, en effet, une idee, Sire, et je cherche.
-- Vous trouverez.
-- Je l'espere.
-- Il faudrait une jolie personne: mieux vaut un visage agreable
qu'un difforme, n'est-ce pas?
-- Assurement.
-- Un esprit vif, enjoue, audacieux?
-- Certes.
-- De la noblesse... autant qu'il en faut pour s'approcher sans
gaucherie du roi. Assez peu pour n'etre pas embarrassee de sa
dignite de race.
-- Tres juste.
-- Et... qui sut un peu l'anglais.
-- Mon Dieu! mais quelqu'un, s'ecria vivement Madame, comme Mlle
de Keroualle, par exemple.
-- Eh! mais oui, dit Louis XIV, vous avez trouve... c'est vous qui
avez trouve, ma soeur.
-- Je l'emmenerai. Elle n'aura pas a se plaindre, je suppose.
-- Mais non, je la nomme seductrice plenipotentiaire d'abord, et
j'ajouterai les douaires au titre.
-- Bien.
-- Je vous vois deja en route, chere petite soeur, et consolee de
tous vos chagrins.
-- Je partirai a deux conditions. Le premiere, c'est que je saurai
sur quoi negocier.
-- Le voici. Les Hollandais, vous le savez, m'insultent chaque
jour dans leurs gazettes et par leur attitude republicaine. Je
n'aime pas les republiques.
-- Cela se concoit, Sire.
-- Je vois avec peine que ces rois de la mer, ils s'appellent
ainsi, tiennent le commerce de la France dans les Indes, et que
leurs vaisseaux occuperont bientot tous les ports de l'Europe; une
pareille force m'est trop voisine, ma soeur.
-- Ils sont vos allies, cependant?
-- C'est pourquoi ils ont eu to
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