he et noble, n'est pas mariable; soyez
sure que s'il se presentait dans une famille honnete il serait econduit
et que pas une mere, qui le connaitrait, ne consentirait a lui donner
sa fille. Pour moi, si mon fils avait eu une pareille conduite, je
renoncerais a le marier.
Tout Dayelle etait dans ce discours debite avec une gravite et une
lenteur emphatiques. Madame de Barizel resta un moment embarrassee, car
ce qu'elle avait a repondre a cette condamnation ne pouvait pas etre
dit, sous peine de se faire condamner elle-meme. Apres quelques secondes
de reflexion son parti fut pris: Dayelle pouvait etre utilise.
--J'avoue, dit-elle, que ce que vous venez de m'apprendre me plonge dans
l'etonnement; mais je n'ai rien a repondre aux raisons que vous
avez exposees avec cette noblesse, cette droiture, cette surete de
conscience, cette hauteur de vues qu'on rencontre toujours en vous et en
toutes circonstances, parce qu'elles sont le fond meme de votre nature.
Dayelle eut un sourire d'orgueil, car il n'etait pas encore blase
sur ces eloges dont elle l'accablait, et c'etait pour lui un plaisir
toujours nouveau de s'entendre louer par ces belles levres et de se voir
admirer par ces beaux yeux.
Elle continua:
--Ce n'est pas a moi que je voudrais vous entendre redire ce que vous
venez de si bien m'expliquer, ce serait a Corysandre d'abord, et puis
ensuite a une autre personne.
--Cela est assez difficile avec Corysandre.
--Pas pour vous; votre tact vous fera trouver juste ce que peut entendre
une jeune fille. Maintenant la seconde personne a laquelle je voudrais
vous voir repeter ce que vous m'avez explique, c'est-a-dire que le duc
de Naurouse n'est pas mariable, c'est... vous allez sans doute surpris,
c'est... le duc de Naurouse lui-meme.
Comme Dayelle faisait un mouvement de repulsion, elle poursuivit en
insistant:
--Pour tout autre ce serait la une commission delicate; mais pour vous,
avec votre tact, avec l'autorite que vous donnent votre caractere et
votre position, il me semble que quand le duc de Naurouse vous parlera
de l'impression que Corysandre a produite sur lui, et il vous en
parlera, j'en suis certaine, sachant l'amitie que vous nous portez, il
me semble que vous pouvez tres bien lui repondre par ce que vous m'avez
dit.
--Mais c'est impossible, s'ecria Dayelle.
Madame de Barizel, qui avait jusque-la parle avec une douceur
caressante, changea brusquement de ton, et sa parole, son geste, son
rega
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