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c'est qu'en le voyant je l'avais juge ainsi et que je suis bien aise de voir que je ne me suis pas trompee sur lui. S'adressant a sa mere directement: --Je t'ai dit que M. de Naurouse me plaisait, n'est-il pas tout naturel que je sois satisfaite d'apprendre des choses qui ne peuvent qu'augmenter la sympathie que j'eprouve pour lui? --Mais, malheureuse enfant, s'ecria Dayelle, ce n'est, pas de la sympathie que ces choses doivent vous inspirer, c'est de la repulsion, de l'eloignement. --Alors c'etait pour cela que vous me les disiez! eh bien! franchement, mon bon monsieur Dayelle, vous n'avez pas reussi. Je vois que M. de Naurouse ne ressemble pas au commun des hommes: qu'il a un caractere a lui: qu'il est capable d'entrainement et de passion; qu'il a inspire des amours extraordinaires, ce qui est quelque chose, il me semble: qu'il a occupe tout Paris, ce qui n'est pas donne a tout le monde, et pour tout cela il me plait un peu plus encore qu'avant que vous ne me l'ayez fait connaitre. A l'age ou les petites filles jouent encore a la poupee on m'a dit "Plais a celui-ci, plais a celui-la." Et depuis on me l'a repete sans cesse, sans s'inquieter jamais de savoir si celui-ci ou celui-la me plaisaient. Il semble que je sois une marchandise, une esclave qui doit plaire a l'acheteur et passer entre ses mains le jour ou il voudra de moi. Je ne me suis jamais revoltee; je ne me revolte pas. Mais je trouve enfin un homme qui me plait, et je le dis tout haut, non a lui, mais a vous, ma mere, a l'ami de ma mere, est-ce donc un crime? --Quelle sauvage! s'ecria madame de Barizel. Corysandre la regarda un moment; puis avec un profond soupir: --Ah! si je pouvais en etre une, dit-elle, une vraie! XV A l'exception de Savine, qui trouvait qu'il etait de sa dignite de se faire toujours attendre, les convives de madame de Barizel furent exacts. Le diner etait pour sept heures; a sept heures vingt minutes seulement, on entendit sur le sable du jardin le roulement d'une voiture, puis les piaffements des chevaux qu'on arretait, le saut lourd de deux valets qui sautaient a terre pour ouvrir la portiere et se tenir respectueux sur le passage de leur maitre. C'etait Son Excellence le prince Savine, qui, pour venir du Graben aux allees de Lichtenthal, c'est-a-dire pour une distance qu'on franchit a pied en quelques minutes, avait fait atteler, afin d'arriver dans toute sa gloire et faire une entree digne de lui. Madame
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