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'etait pas une supposition, dit Savine, qui, devant la vehemence de cette indignation maternelle, crut devoir s'excuser, c'etait un cri... un cri de surprise provoque par ce que vous m'appreniez. --Sans qu'on puisse admettre une seule minute que cette enfant si simple, si naive, si innocente, ait eprouve de la tendresse pour M. de Naurouse, je crois qu'elle ne serait pas insensible a sa recherche si M. de Naurouse demandait sa main. Pensez donc a ce que vous m'avez dit: a ses qualites, a sa belle figure, a sa mine fiere, a ses yeux passionnes, a son caractere chevaleresque, a sa jeunesse, a son esprit, a tous les merites que vous reconnaissez en lui et qu'un ami ne peut pas etre seul a voir, car ils crevent les yeux de tous. Chaque mot etait souligne et suivi d'un silence, de facon a ce que tous les coups portassent sans se confondre. --Pensez donc que c'est un des hommes les plus charmants qu'on puisse rencontrer, qu'il a tout pour lui: la naissance, la fortune... Savine se revolta. --La fortune? --Ce qu'on appelle la fortune en France, et vous savez que ma fille a les idees francaises. --Les Francais sont des creve-la-faim, bredouilla Savine. Madame de Barizel l'examina; il etait rouge a eclater. Elle jugea qu'elle l'avait suffisamment exaspere et qu'aller plus loin serait s'exposer a depasser la mesure; evidemment il etait dans un etat de colere furieuse, et s'il avait pu tordre le cou de celui dont on l'obligeait a ecouter et meme a faire l'eloge, il eut eprouve un immense soulagement. Naurouse n'etait plus son ami, c'etait un ennemi qu'il haissait a mort pour les douleurs qu'il venait d'endurer. Tout ce qu'elle pourrait dire maintenant du duc, de ses merites, de ses qualites, de son titre, de son rang, de sa fortune, serait inutile; l'envie de Savine ne pourrait pas en etre plus vivement surexcitee qu'elle ne l'etait. Ce qu'elle voulait, ce n'etait pas facher Savine, bien loin de la: c'etait tout simplement lui prouver que Corysandre pouvait etre aimee et recherchee par quelqu'un qui n'etait pas le premier venu, par un rival dont il devait etre jaloux. Et ce resultat etait obtenu: la jalousie, l'envie de Savine etaient exasperees; elle les voyait le gonfler a chaque parole caracteristique qu'elle assenait: il se contemplait dans la glace, il se redressait, il se bouffissait, les narines serrees, les joues ballonnees, les epaules rejetees en arriere, la poitrine bombee en avant: "Et moi, et moi! cri
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