ait
pressentir devoir etre non loin d'eux. Ils furent pousses vers Belle-Ile
avec la rapidite d'une fleche et malheureusement vers une de ses
extremites ayant a peine cinq kilometres de largeur; le danger etait
supreme. M. Martin monta dans les cordages, ouvrit en grand la soupape,
car ils ne pouvaient echapper a la mort que par une descente prompte: s'il
n'avait ouvert la soupape avant d'atteindre l'ile, ils etaient evidemment
perdus.
"Dans deux minutes, ils descendirent de 2,000 metres; le premier choc
fut terrible, le ballon remonta et retomba deux fois encore. En ouvrant
brusquement la soupape, le ballon se degonfla a sa partie inferieure, ce
qui lui fit faire parachute et amortit le choc de la descente. Il etait
dans d'excellentes conditions pour la descente, ayant encore vingt sacs de
lest sur 26. Au dernier choc, le ballon s'accrocha a un mur d'environ un
metre. M. Martin se precipita hors de la nacelle et frappa contre le mur
ou il eut la jambe et la poitrine violemment contusionnees.
"Quant a M.D.C, il fut precipite contre terre a une vingtaine de metres
plus loin.
"M. Martin, revenu de son etourdissement, apercut alors son ami couche sur
le dos, ayant un masque de sang a la figure; il le crut mort.
"L'intrepide M. Martin nous a avoue que son unique preoccupation dans ce
danger supreme et meme des la descente vertigineuse, fut le souvenir de
l'assurance faite a la dame de M.D.C. que nul danger n'existait pour
l'excellent chef de famille, le citoyen devoue a sa patrie qui allait le
suivre.
"Esperons que ces Messieurs sortiront bientot saufs de leur chute
effrayante!
"Les depeches partent cette nuit pour Saint-Nazaire par l'_Eumenide_.
"M. JOUAN."
DEPARTS DE DECEMBRE 1870.
_33e Ascension_. _1er decembre_.--_La Bataille de Paris_ (2,000 met.
cub.).--Aeronaute: Poirrier, professeur de gymnastique.--Passagers: MM.
Lissajoux et Youx.
Depart: gare du Nord, 5h. 45 m.
Arrivee: Grand-Champ (Bretagne), midi.
La descente de cet aerostat a ete tres-accidentee. L'ancre jetee ne
mordait pas et les voyageurs etaient entraines par un vent violent.
L'aeronaute crut bien faire en sautant de la nacelle a terre pour chercher
a attacher lui-meme le guide-rope a un arbre. Mais il ne peut reussir
cette manoeuvre. MM. Lissajoux et Youx furent emportes, par l'aerostat
deleste du poids de l'aeronaute, avec une violence vertigineuse. Le ballon
se creva a un kilometre de la; il s'arreta. Les voyageurs en furent
q
|